Le siège de Géant

Le siège de Géant
Une merveille des monts Kabyè

vendredi 9 octobre 2009

Blaise Compaoré, le sésame-ouvre-toi des conneries en Afrique.


Il est le président du Burkina Faso, pays des hommes intègres, le capitaine Blaise Compaoré. Mais on semble avoir oublié qu’il est parvenu à la tête de ce pays le 15 octobre 1987 à la suite d’un coup d’Etat sanglant qui a vu périr le capitaine Thomas Sankara.

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Sans toutefois m’expliquer pourquoi, j’avais eu à l’époque de chaudes larmes. J’étais au lycée et je l’avais pleuré comme j’ai pleuré Matoub Lounès, cette voix forte de la Kabylie, outrageusement assassiné le 25 juin 1998.


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Le monde entier semble ne plus se souvenir de l’horreur de l’assassinat du capitaine Thomas Sankara puisqu’on confie aujourd’hui à Blaise Compaoré, la résolution de plusieurs conneries en Afrique. J’appelle ça conneries parce que le mot de « crise » est trop élégant pour nommer les jacqueries des dirigeants, opposants et hommes au pouvoir compris. Blaise Compaoré est la clef des atermoiements puérils des responsables politiques au Togo ; il est le calumet éteint que Gbagbo, Bédié et Ouattara fument en vain en Côte d’Ivoire. C’est encore lui qu’on envoie en Guinée Conakry après les ignobles massacres du 28 septembre 2009 par la junte du capitaine Dadis Camara. Ce capitaine rugueux dans les propos à l’endroit de Kouchner par exemple, écoutera-t-il le capitaine ou écoutera-t-il le chef d’Etat du Burkina Faso ?
Le durcissement de l’opposition exigeant le départ de Dadis comme préalable à toute négociation, aura-t-il raison du fougueux chef de la junte ? Il se targue de ce qu’il ne sera jamais inquiété par la cour internationale, citant les exemples du général mauritanien maintenu à la tête du pays après un coup d’Etat ; citant le général Tandja du Niger après que ce dernier a taillé la constitution du pays à sa mesure.
L’Afrique malade de ses militaires.
Pour revenir à Compaoré, on semble surtout avoir oublié les flammes dans lesquelles Norbert Zongo a péri sans qu’une enquête détermine les responsabilités. Il m’arrive de fredonner amer, écorchant en mauvais chanteur, les notes de cette chanson d’Alpha Blondy :
« Au clair de la lune mon ami Zongo
Refusa de bâillonner sa plume au Burkina Faso
Et Zongo est mort, brûlé par le feu
Que justice soit faite, pour l’amour de Dieu ».

"La démocratie du plus fort est toujours la meilleure."
Il ne sait pas si bien le dire, sauf qu’il faut préciser : LA DEMOCRATIE DES MILITAIRES EST TOUJOURS LA MEILLEURE.

vendredi 2 octobre 2009

Dadis Camara:enfin le baptème de sang pour la naissance d'un sanguinaire!

Qui est-il ce monsieur? Il paraît que c'est lui le président de la junte en Guinée Conakry après le décès de Konté. Sûr, un militaire encore. Un béret rouge. Il vient de se faire baptiser au sang de plus de cent quatre-vingt dix-sept citoyens guinéens massacrés pour que vive Dadis Camara. Lamentable! Et il veut être président de la Guinée.
Il ne peut que se définir par la terreur, la brutalité, la sauvagerie. Encore dans la logique animale de la sauvagerie bestiale, tuer est parfois un acte vital. Mais là on a tué pour quoi?
Ces meurtres de lundi et de mardi confirment la conviction que de l'armée: elle est une malédiction pour l'Afrique et même au-delà.

jeudi 17 septembre 2009

Il ne faut jamais dire jamais

Il ne faut jamais dire jamais. C'est ridicule quand même. Plusieurs fois je me suis retrouvé devant mon petit écran à suivre des films. Par plusieurs fois, j'ai vu des gens se régaler des huîtres et des moules. Et par plusieurs fois, j'ai dit, "jamais je ne mangerai ces trucs." Eh, bien voilà, c'est fait. Nathalie et Denis Lecat m'ont fait manger "ces trucs". J'ai mangé des huîtres et des moules.Le même jour en fait. Et j'ai demandé qu'on m'en rajoute. Surtout pour les huîtres.
Alors j'ai pris une photo pour me souvenir de ce goût d'huîtres arrosées au citron.

vendredi 11 septembre 2009

Lecture le 10 septembre 2009 au Café Théodore à Trézdrez Locquémeau




Le mercredi 9 septembre, il était prévu une lecture à Couleur Café à Plaine Haute, dix kilomètres environ après Saint Brieuc. La lecture était prévue pour commencer à 21 heures (heure locale), mais il n'est venu personne. Le propriétaire peiné nous a offert à dîner, Denis Lecat et à moi. Je crois que les gens étaient retenus chez eux par le match de foot.
















Le lendemain, 10 septembre par contre au Café Théodore, à Trédrez Locquémeau, plus d'une trentaine de personnes ont assisté à la lecture. J'ai d'abord lu quelques "cartes postales", des morceaux choisis d'une nouvelle "Cartes postales du quartier Zongo", que j'ai réunie avec trois autres nouvelles dans un recueil "Les coeurs muets portent des masques". Ensuite Denis et moi avons lu les trois premiers tableaux de Fétiches et refuge, le texte lu le dimanche 6 septembre 2009 et qui a fait beaucoup de bruits dans la région. Texte que les gens étaient venus en fait écouter. Le journal Le Trégor en a parlé dans son tirage du 7 et 10 septembre.
Les discussions ont porté sur la question de l'identité culturelle, sur la langue française et sur le texte Fétiches et refuge.

Il faudrait répéter des clins d'oeil au propriétaire du Café Théodore, Denis, un monsieur sympathique qui aura pour longtemps ma reconnaissance.

J'ai lu Fétiches et refuge dans les domaines du château de la Roche Jagu



Le dimanche 6 septembre 2009, à 15 heures 30, j'ai lu Fétiches et refuge, un texte théâtral issu d'une résidence d'écriture au château de la Roche Jagu à Ploëzal en Bretagne. Denis Lecat, chargé de la programmation aux Arts du Chemin, a aidé à lire ce texte de quatre personnages.






La lecture s'est faite dans le chapiteau et quatre-vingt-dix-huit personnes ont assisté à cette lecture. Sans vouloir faire la grosse tête, j'ai été personnellement touché par tous les compliments qui m'ont été faits. Parlant de l'écriture, il y a un participant qui nous approchés, Denis Lecat et moi pour nous dire combien "l'écriture était pointue", "le mot juste" et "la phrase travaillée". C'est la première fois que j'entends cela de mon travail d'écriture et mon coeur a bondit de satisfaction. De là à célébrer une réussite, je serais bien naïf. Je suis conscient quand même du travail à poursuivre. Merci à vous qui avez su apprécier.

mardi 1 septembre 2009

La traversée de l'enfer

Ceux qui parcourent nos routes, de Lomé à Dapaong ou de Dapaong à Lomé, surtout dans les transports communs, ne se souviennent plus du nombre de jurons qu'ils poussent, ni des colères qu'ils ont tues. L'état de la route est lamentable. Les chauffeurs cupides.
Je me suis ainsi retrouvé le 17 août, dans un minibus de 15 places, coincé entre 19 passagers, chauffeur y compris, plus quatre enfants en bas âge. J'avais pourtant pris un ticket à SAT, Société Adji Transport. Le car de cette société étant tombé en panne la veille, la société n'a rien fait pour contenter les passagers. Encore une tare à laver.
Le chaffeur parti de Kara, destination Lomé, malgré les nombreuses stations d'essence qu'il y a à Kara, ne s'est pas donné la peine de remplir son réservoir. Il a fallu qu'il achète son carburant au bord de la route, chez les détaillants à Bafilo, pendant les passagers coincés, poussaient d'interminables jurons.
Et comme les chauffeurs n'en avaient pas assez de la tasse bue, les policiers à Kara, à Sokodé, à Datcha et à l'entrée de Lomé ont pris au chauffeur, un mille francs. Bon, disons qu'il a déboursé 4 000 francs pour un travail que je n'ai pas compris. Parce qu'à chaque escale, les policiers sont restés sur place, aucun n'est venu regarder la surcharge dans la voiture ni ce que transportait la voiture. Au point que je me suis demandé à quoi ils servent en fait sur les routes défoncées du Togo.

lundi 31 août 2009

SOCKEY EDOR, artiste peintre togolais.















Le mardi 18 août je me suis rendu dans l'atelier de Sockey Edor, un artiste peintre togolais qu'on ne présente plus mais que seul connaît le public amoureux de la culture. J'ai vu l'artiste dans son monde. J'étais avec Kangni Alem qui connaissait très bien le coin et l'artiste et Gerry Taama, qui vient de publier aux éditions Harmattan Parcours de combattants. Super accueil.
Je l'avais rencontré un soir où Kangni nous avait invités pour une soirée musicale. Chacun devait arriver chez Kangni avec une ou plusieurs chansons de sa musique préférée, faire écouter et expliquer. Je n'avais pas loupé l'occasion de me ballader à la soirée avec du Don Williams, du Kenny Rogers, du Dolly Paton et autres de la country music.
Il faut dire que je ne comprends rien à la peinture ni aux couleurs, mais j'ai été séduit par ce tableau des pêcheurs où domine le bleu de la mer. L"artiste dit qu'il a quitté l'argile pour travailler désormais sur les couleurs.
Sont présents sur certains tableaux, des scènes quiotidiennes.
En fait je crois que je ne trompe pas.




Et ces deux machines à écrire d'une autre génération l'une tappant sur une autre machine à écrire. Une prouesse qu'il faut imaginer.
Evidemment, les tableaux de Sockey Edor, ce n'est pas l'élection miss Togo. Ni le Sintou Djidjagou, une trouvaille affreuse à Doufelgou.
Lorsque j'ai vu le public à la soirée du 20 août à l'élection de miss Togo, je me suis dit: le jour où un spectacle théâtral accueillera un tel public, les dirigeants togolais sauront au moins écrire le mot CULTURE au singulier.

Prudence en allant à Nangbéto: la misère n'a pas le temps d'attendre.

Après deux mois d'absence sur mon blog, je ne pouvais pas rater la journée internationale du blog, le 31 Août, en ne publiant pas un billet. Après les différents voyages que j'ai eus, les photos que j'ai prises, je voudrais partager celles-ci d'abord avec mes lecteurs.
Certains, pour des raisons diverses, se sont rendues à Nangbéto ces deux dernières années (2008 - 2009). L'an dernier j'y étais pour boulot. Et le pont, à à peine deux kilomètres d'Atakpamé, était déjà grignoté par l'érosion. Cette année, voici l'état du pont.
Nangbéto abrite le barrage hydroélectrique qui dessert en électricité le Togo et le Bénin. La distance d'Atakpamé à Nangbéto, est de 27 kilomètres. 10 kilomètres sont bitumés de Nangbéto à Akparé et les dix-sept-kilomètres restants, d'Akparé à Atakpamé ne sont pas bitumés.


ALors aux chauffeurs et aux motocyclistes, faites attention en passant sur cette piste. Peu-têtre faudra-t-il augmenter le prix du kilowatteur pour bitumer les dix-sept kilomètres et construire un pont solide?
Cette image du pont grignoté me rappelle cette autre de Sotouboua.







C'est tristement la misère qui dévore le Togo, lentement, pendant que de grands oeuvres sont en train d'être bâtis par de braves Togolais dans la crapulerie totale.
Cette misère peut quand même avoir la patience d'attendre, le temps qu'on ait fini les grands œuvres: maisons et carrosses.

lundi 29 juin 2009

Mamadou Tandja, le président parjure, est devenu sourd du cerveau



Le président nigérien, depuis plusieurs mois maintenant, brille dans l’incohérence et la suffisance. A 71 ans, son second mandat prend fin le 22 décembre 2009, mais le général ne veut pas faire fauteuil présidentiel propre. La tentative d’organiser un référendum a trouvé sur son chemin la cour constitutionnelle. Félicitations à cette cour qui ne s’est pas laissée embobiner dans la merde tandjienne. Cela n’a pas semblé décourager les ardeurs du président dissolveur du parlement. Il insiste : "Je ferai usage, et cela sans faiblesse, de tous les pouvoirs que me confèrent les lois et règlements de la république en vue de trouver une solution à cette situation de blocage que certains sont malheureusement fiers de présenter comme le fruit de leur opération de sape", clame-t-il.
Il décide désormais de gouverner par décrets et par ordonnances. Après les coups d’Etat sanglants qui ont vu en 40 ans d’indépendance africaine, 31 présidents tués, dont le tout premier fut le togolais Sylvanus Olympio, après les trafics de constitutions et de successions dynastiques, Mamadou Tandja vient d’offrir à l’Afrique une autre formule pour demeurer au pouvoir jusqu’à la mort : la gouvernance par décrets et par ordonnances devant le refus du peuple et des institutions légales.
Le grand œuvre du Niger, c’est lui Tandja qui doit l’accomplir. Après lui ou sans lui, le Niger ne pourra rien réaliser et jamais se développer. C’est lui le messie développeur du Niger. Catastrophe s’il s’en va. Et comme il aime tellement le Niger, son uranium et l’argent généré, il s’accroche au pouvoir comme une sangsue parasitaire, à son hôte. Il est clair que si le président ne veut pas s’en aller, c’est à cause du nouveau gisement d’uranium d’Imouraren, dont les travaux d’exploitation ont été lancés le 4 mai 2009 par la patronne du groupe nucléaire français Anne Lauvergeon et Mamadou Tandja. L’uranium représente aujourd’hui près de 30% des exportations du Niger, troisième mondial après le Canada et l’Australie, pourtant c’est l’un des pays les plus pauvres du monde.
A l’insistance de Tandja s’ajoute l’arrogance de son ministre de l’Intérieur, Albadé Abouba, dont le propos insulte tout le peuple du Niger. Il devrait quand même surveiller ses arrières lorsqu’il fait des déclarations sur RFI ou sur d’autres antennes, car le procès de l’histoire est implacable. Il sait qu’il perd sa place si Tandja n’est pas au pouvoir. Mais cela ne lui donne pas le droit de mépriser tout un peuple duquel il est issu d’ailleurs.
Je crois que le Honduras vient de nous donner un exemple avec les présidents qui se permettent de modifier les constitutions à leur avantage. Le président du Honduras, Manuel Zelaya qui souhaitait modifier la constitution et demeurer au pouvoir a été arrêté par l’armée et expulsé du pays, hier, 28 juin 2009. C’est ce que l’armée nigérienne devait faire avec Mamadou Tandja. C’est ce que les armées africaines devaient faire contre les présidents qui refusent de partir en trafiquant les constitutions. Sinon je resterai toujours persuadé que l’armée, en Afrique, est une malédiction.

mardi 16 juin 2009

Interview de Daniel Lawson-Body sur son roman "La déméninge"



(Vous trouverez toute l’interview publiée sur le site de www.togocultures.com. J’ai juste publié cette partie sur mon blog parce que j’estime qu’elle peut susciter des commentaires enrichissants sur la critique de la littérature togolaise.)

MAWO Tingayama : Après le premier café-littéraire le jeudi 23 avril 2009 à Lomé, deux réactions ont été publiés sur www.togocultures.com et sur le blog de Toni Féda. La critique des deux réactions a surtout porté sur la pureté de la langue française que vous défendez alors que vous-mêmes mêlez plusieurs registres de langue. Elles ont aussi souligné la « paillardise », les « ribauderies » dans le texte : les avez-vous lues, ces réactions ?
Daniel Lawson-Body : Des deux réactions dont vous parlez, je n’ai lu que celle de Tony Féda. Globalement, il faut malheureusement déplorer que l’auteur de cet article ait lourdement perdu de vue la définition élémentaire de ce que c’est qu’une critique et plus spécifiquement une critique littéraire, au point d’en arriver, avec une légèreté déconcertante, à manquer de discernement et d’humilité, deux impératifs qui font de tout chercheur, un homme de science et de référence. Sur la substance et l’essentiel de la critique qui m’a été faite, surtout celle relative à la pureté de la langue française que je défendrais, je tiens à dire ceci : je ne défends rien, j’aime et enseigne une langue et à chaque fois que des entorses lui sont faites par ignorance, je me dois, comme tout autre enseignant de cette langue, de tirer la sonnette d’alarme. Du reste, c’est bien pour cela que je touche un salaire tous les mois et ceci depuis des décennies. Quand j’ai entre mes mains des copies d’étudiants qui aspirent à être des spécialistes de la langue, qui postulent à en être des orfèvres et des ciseleurs et que je note dans ces copies des fautes grossières qui conduisent à un schisme consommé avec cette langue-là, oui je ne peux que sanctionner pour enseigner la norme. A présent, parlons de la grosse hypocrisie qui consiste à condamner la paillardise et les ribauderies dans ‘’La Déméninge’’. A ce propos, allons sur mes réactions suite à ces critiques. Globalement, j’estime que le compte rendu de lecture de Tony Féda, n’est pas et ne saurait constituer pour moi une critique. Il pèche lourdement par son côté subjectif. Il démontre à suffisance, la méconnaissance profonde de ce qu’est fondamentalement une critique. Alors ne renonçant point à nos obligations de pédagogue, apportons-lui sans frais, les fondamentaux à maîtriser lorsqu’on décide de s’engager dans ce domaine où le seul critère de validation, et donc d’intérêt reste la scientificité de la démarche ou de l’approche choisie pour éclairer une œuvre d’un jour nouveau. Parmi les multiples définitions de la critique, il en est une qui enseigne que la critique, c’est de la littérature sur la littérature, c'est-à-dire de la littérature au second degré. Conséquence directe, il ne saurait y avoir de critique si on n’a pas un texte qui lui pré-existe. A présent, je vais analyser quelques uns des arguments de Tony Féda pour en démontrer et en démonter la vacuité du propos. Arrêtons-nous tout d’abord sur la première affirmation gratuite de ce compte rendu de lecture.
‘’L’année n’est pas encore terminée, mais ce roman pourrait en être le pire. On parie ? ’’
Comment un critique qui se veut sérieux et crédible peut-il si légèrement aller sur l’inexistant pour condamner une œuvre ? Nous sommes en avril et à huit mois de la fin de l’année, l’augure ou le gourou de la littérature se laisse aller si facilement à ces genres de pronostic. Plus désopilant, il joue au prophète et demande un pari. C’est du jamais vu en critique. La critique n’est pas la science, parce que celle-ci traite des sens tandis que l’autre en produit, mais elle n’est surtout pas une affaire de prophètes. Fort de ce qui précède, on est en droit de se demander, en considérant globalement ce qu’affirme sans démonstration Tony, s’il n’est pas en mission commandée, ou si quelque part, il n’a pas été chargé de l’exécution d’une œuvre de salubrité publique !
Deux lignes plus loin, il déclare que ce roman va certainement faire jaser pour longtemps le monde de la critique. Traduit en bon français, cela veut dire que cette œuvre ne va laisser personne indifférent. Dit autrement, cela signifie bien qu’elle est forcément intéressante. Alors comment peut-on, sans craindre le ridicule, affirmer une chose et son contrainte aussi aisément et presque dans une simultanéité déroutante? Cette incohérence dans l’argumentation, je la note ailleurs dans son texte lorsqu’il écrit :
‘’Il est clair que pour son premier roman, Lawson-Body a voulu écrire pour ses étudiants, ses amis, et pour un public restreint de Togolais. Il n’y a pas de doute qu’il a atteint ce but, et le critique ne sera pas étonné de trouver un jour les élèves se passer ce livre comme des petits pains.’’
M. Tony, en bon français, lorsqu’on dit que quelque chose s’arrache comme de petits pains, cela signe définitivement le succès total de cette chose-là. Le savez-vous ?
Il ajoute :
‘’Mais en fait de sexe, l’auteur a pris un grand risque de tomber dans la vulgarité la plus banale… Il a bien voulu décerveler toutes les paillardises qui lui passent par la tête… Il est allé à la limite de l’obscénité sans prendre de gants. Il est un mauvais parolier. Il s’est enfermé dans une écriture qui a donné un roman au français alléché mais au projet romanesque plutôt mal léché. Il lui a manqué du génie.’’





Et ses amis du blog de renchérir :
‘’ Mais, il faut l’encourager, le prof, sinon il risque de casser sa plume. Il paie là sa suffisance. Pauvre romancier débutant ! Prof imbu de lui-même. Bizarre, le mec ! Il est brailleur chiffonnier, il fait le pitre.’’
Que faut-il répondre à toutes ces attaques personnelles qui n’ont franchement rien à voir avec la critique ? Qu’il faut laisser les choses basses mourir de leur propre poison et enseigner que dans les débats d’idées, les incantations, les insultes sont le lot de l’intellectuellement faible dont décidément les arguments ne passent plus. Dans un tel registre qui fait dans le crapoteux, tout bipède doté d’un coefficient intellectuel moyen, peut exceller avec bien plus de réussite. Enfin, pour arrêter cette démonstration, posons cette question à l’auteur de ce compte rendu : le style dans lequel il écrit et qu’il affectionne visiblement, est-ce bien celui de Biton Coulibaly ? Et si j’ai bien compris, serait-il la référence à enseigner dans nos amphis à nos étudiants ? Ce texte n’est ni une analyse fantaisiste parce que dans la fantaisie il y a à n’en pas douter du plaisir et du génie, ni une analyse juste puisque déclarativement, elle ne définit aucune méthode qui permettrait d’en garantir la justesse ou la validation. Il tient pour l’essentiel, du vraisemblable critique que Roland Barthes définit comme étant ce qui va de soi, et reste en dehors de tout principe, de toute méthode. Le vraisemblable critique aime les évidences, les vérités toutes faites, et elles sont si souvent normatives. Ce qui n’entre pas dans son orbite sémantique devient bizarre, ou incroyable. L’incroyable comme dit Barthes, procède du défendu, c’est-à-dire du dangereux. Dès lors, les désaccords deviennent des écarts, les écarts des fautes, les fautes des péchés, les péchés des maladies, les maladies des monstruosités, car aussi longtemps que la critique a eu pour fonction traditionnelle de juger, elle ne pouvait être que conformiste, c'est-à-dire conforme aux intérêts des juges. Ceci n’a rien à voir avec la véritable critique des institutions et des langages. Dans le cas de notre ami, je reste convaincu qu’il n’y a pas grand intérêt, et on n’a pas grand mérite si, sur une œuvre donnée, on propose une glose ou un commentaire libre à qui l’on cherche désespérément à conférer une dimension scientifique qu’elle n’a pas. Nous sommes aujourd’hui dans une civilisation du bavardage qui permet la prolifération de tous les genres de discours, c’est de bonne guerre. Ces discours séduisent plus d’un, c’est tout aussi normal. Pour moi, je réaffirme que celui de notre ami ne présente aucun intérêt, frappé qu’il est de beaucoup d’amateurisme. Un critique littéraire est un spécialiste qui doit pouvoir se prévaloir d’une méthode, d’une approche qui lui donnent des outils, et des armes, et des techniques dont il doit se servir lorsqu’il se pique de faire de la critique. Faute de cela, il faut prendre son travail pour ce qu’il est à la vérité : un épiphénomène, né de la lecture à la va-vite d’un texte dans l’urgence journalistique de rendre compte en primeur d’un événement littéraire, avec ce que cela comporte comme risque de rater l’essentiel pour des considérations de secondes zones. Il faut apprendre à gratter l’os si l’on veut atteindre la moelle. Une lecture au premier degré d’une œuvre est toujours une lecture de consommation. Elle requiert pour se réaliser, l’immédiateté. De ceci, le véritable critique doit se méfier, puisque sa véritable mission, c’est d’apporter un plus à l’œuvre si cela est possible, ce que les économistes appellent ‘’de la valeur ajoutée’’, à travers une lecture de dévoilement, je dirais de digestion qui, elle, ne peut se réaliser qu’à partir d’une distanciation incontournable du vrai critique par rapport à toute impression première qui finalement n’est qu’une première impression sur toute œuvre donnée. Pas étonnant donc, qu’en l’absence de toutes ces dispositions et ces précautions, le Sieur Tony ait décrété de façon péremptoire et sûrement avec un mouvement de menton j’imagine, que l’auteur de ‘’La Déméninge’’ n’a aucun génie. Qu’il lui reconnaisse au moins celui des belles lettres, ce serait déjà ça être objectif et conséquent avec soi-même. Que faut-il conclure ? Qu’il est urgent que M Tony se mette ‘’hic et nunc et illico presto’’ en apprentissage de ce qu’est l’objet littéraire et que, pour l’y aider, des ouvrages de bases lui sont indispensables s’il veut s’exercer dans le domaine de la critique littéraire avec quelques chances d’être pris au sérieux à l’avenir. A cette nouvelle école, je lui recommande fortement de lire de Roland Barthes : "Le Degré Zéro de l’écriture" suivi des "Nouveaux essais critiques", ‘’Critique et vérité’’, ‘’Le plaisir du texte’’ enfin. Dans cette nouvelle aventure qui s’impose à lui comme un impératif curatif, qu’il fasse sien le mot de la fin de ‘’La Déméninge’’ : ‘’La terre promise se trouve toujours de l’autre côté du désert.’’ Qu’il ne perde pas de vue surtout, et il y gagnerait beaucoup en crédibilité, que sans être cloisonnée au nom de l’interdisciplinarité qui la caractérise, la faculté des lettres est bien compartimentée. N’immigre pas dans un domaine qui veut pour y vouloir jouer les francs-tireurs. Cela s’appelle de l’amateurisme primaire, et à ce niveau de spécialisation, c’est à tout le moins prétentieux, pernicieux et toxique.

samedi 13 juin 2009

Démission des parents, bienvenue la télé et la vidéoéducation

Il est à peine 7 heures. Alors que je reviens de l'hôpital où je suis allé rendre visite à un ami hospitalisé la veille, j'aperçois cet enfant, 10 ou 12 ans environ, les yeux rivés au programme du vidéoclub. La première question qui me vient à l'esprit est celle-ci:
où sont les parents de ce jeune enfant pour qu'il s'intéresse dès 7 heures au programme des vidéoclubs? Alors je me lance dans une logique qui démarre avec "en principe": en principe, on est à samedi et il devait être en train de finir quelque activité ménagère à la maison, ou suivre les programmes de dessin animé sur TVI5, ou encore endormi, au sport ou... ou... Je ne sais plus. En tout cas pas en train d'attendre que s'ouvre le vidéoclub de son quartier. La démission des parents jette les enfants dans les rues et la délinquance leur tend les bras.

samedi 6 juin 2009

Le commentaire que j'ai échoué à laisser sur le blog d'Alain Mabanckou



J'ai voulu laissé ce commentaire sur le blog d'Alain Mabanckou. Mais comme je suis un analphabète informatique, eh bien, j'ai passé deux jours sans succès. Mais j'ai le raccourci de le laisser sur mon blog. Il s'agit de l'ami Dieudonné.
D'abord je commencerai par reprendre quelques "perles" du bonhomme:
  • La Shoah, c'est de "la pornographie mémorielle";
  • "Le sionisme, c'est le sida du Judaïsme";
  • "les Juifs, c'est une secte, une escroquerie, c'est une des plus graves parce que c'est la première";
  • Je préfère le charisme de Ben Laden à celui de George Bush"
Je voudrais surtout m'arrêter sur la "pornographie mémorielle" et demander si les images ci-dessus relèvent de la "pornographie mémorielle"?
Dieudonné n'avait-il pas déclaré en 2006 qu'il préférerait désormais la scène humoristique à l'arène politique? Qu'est-ce qui encore le ramène sur ce terrain qu'il ne semble même pas connaître? Je me demande s'il connaît véritablement le combat qu'il veut mener! Il ne saisit ni la naissance, ni l'essence des valeurs qui sont foncièrement humaines, en commençant par la vie, la famille et la communauté. Il est saisi d'un vertige et il faudrait installé dans sa logique une boussole pour l'aider à s'orienter. Excellent humoriste, qui déconne gravement. Peut-être que ça va de paire: la qualité et la bêtise!

Si chacun jouait son rôle à sa place...?




















LA NATURE EST UNE CHAÎNE HARMONIEUSE. NOUS N'EN SOMMES QU'UN MAILLON INSIGNIFIANT. ATTENTION DE LA BRISER!

Dieu: le buisness qui marche mais qui dérange



















La semaine dernière, j'ai réglé un problème avec mon voisin qui tient un bar: le bruit de la musique. Il avait coutume de jouer de la musique jusqu'au-delà de minuit. Parfois, il m'était impossible de dormir. Même quand son bar était, vide, il l'emplissait de musique. Je suis allé lui toucher deux mots. Il ne fait plus de la musique à des heures tardives. Merci.
Une amie, Sidoine, étudiante en Droit, que des potes et moi surnommons "Anarchiste", s'est aussi plainte du bruit que font les bars dans son quartier à Dongoyo. Je crois que les autorités municipales de la ville de Kara devraient réglementer les heures de tapage dans les bars.
Mais je ne suis pas au bout de mes peines. Depuis la fin de 2008, il est né dans mon quartier à Tomdè, une église ou une secte (comme ici dans le quartier Chaminade), qui a cette spécialité de prier en hurlant et certaines nuits jusque tôt les matins, à 2 heures ou 3 heures. C'est infernal. Les décibels montent ces nuits et troublent le sommeil. Je me demande comment ils font, les élèves et étudiants dans mon quartier pour réviser leurs leçons à cette période d'examen. Franchement, il y a des nuits où je maudis ce dieu dans cette paroisse.
Dieu est devenu dans nos pays, un business qui cartonne. Mais franchement, le sommeil, c'est bien Dieu aussi qui l'a créé? Ah, ben si je me goure, je me fais harakiri.
Je voudrais bien aller leur dire de prier en silence. Mais Dieu a ceci de particulier que parfois, il bouche le bon sens et installe la logique dans les muscles. Alors, je me contente de boire ma tasse ces nuits de prières bruyantes.

Un rallye autos et motos à Kara: Pourquoi pas?

Pendant ma randonnée le lundi de Pentecôte, lundi 1er juin, sur le mont Kalingba, j'ai eu une idée farfelue, mais une idée superbe: lancer un rallye autos et motos sur le tronçon. Plutôt que de se satisfaire d'un vétuste moto-cross à Lomé sur de ridicules monticule artificielles de terre, les monts Kabyès offrent un cadre adéquat pour ce genre de sport. Sensations, fortes émotions, plaisir et joie y sont attendues. Surtout avec le bonheur pour un pilote de rentrer après un tel parcours trempé de sueur, maculé de poussière, des écorchures aux mains pour quelques pannes réparées, une fracture de la jambe ou du bras pour une chute dans un ravin, (car c'est le piment de ce sport aussi). Mais rentré heureux.
Il s'agira de partir de Soumdina-Bas, de gravir des montées raides et sinueuses en épingle, de rouler sur une piste caillouteuse et ravinée jusqu'à Lama-Saoudè puis de remonter par Lama-Gnangbadè sur les sommets des monts Kabyès puis de finir son parcours à Lassa-Bas. Il paraît qu'on peut même ajouter un tronçon de Tcharè, de Lassa-Haut. Faudra voir. Ou carrément partir de Pya, pour un autre itinéraire. Qu'importe l'itinéraire: le fait est que c'est un espace tout désigné pour attirer tous les amoureux des deux et quatre roues, de l'aventure comme le rallye Paris - Dakar.

On pourra admirer des maisons perchées au flanc des collines ou descendre des pentes vertigineuses à donner du délire, le frein lâché, un pied prêt à rétablir l'équilibre.
Sur les sommets, on pourra admirer, si on est distrait, la ville de Kara couchée dans la vallée, bigarée avec sa végétation luxuriante qui cache les habitations informes. On pourra par exemple s'extasier devant la vue du beau Palais des Congrès, de la Cathédrale Saint Pierre et Paul, de l'Hôtel Kara et de la Brasserie. Que du bonheur! Lundi, de ces hauteurs, j'ai aimé cette ville de Kara. Ou parfois vivre fait mal.
C'est une idée farfelue, m'a dit un ami lorsque je lui en ai parlé. Mais je crois que c'est une idée qui peut faire du chemin. Pour peu que de bonnes volontés ou des fils de Kara qui savent ne rien attendre du gouvernement, veuillent bien retourner les poches et les relations pour rendre physique un tel rêve. Pour peu que des opérateurs touristiques osent. Il n'y a pratiquement rien à investir, mais beaucoup à gagner: déposer la ville de Kara dans la paume du monde.
Alors à vous!

mercredi 3 juin 2009

Partir comme on s'en va, s'éclater de bonheur et tomber sur une histoire inattendue sur les monts Kabyè.


J’ai profité du lundi férié de Pentecôte pour m’offrir une randonnée dans les monts Kabyè, précisément à Soumdina-Haut Kaadè.


Pour cette première randonnée je suis allé sur le mont Kalingba, dont on dit qu’il culminerait à 785 mètres. Je n’ai pas fouillé mon livre de géographie pour vérifier ça.


Mais je me suis fait un immense plaisir, moi qui adore les promenades dans les régions montagneuses. Mais que d’efforts il m’a pourtant fallu ? Gravir le mont à quatre pattes. Ce qui d’ailleurs confirme le nom du mont : Kalingba , ce qui signifie en Kabyè : monter en marchant à quatre pattes (Ndla). Mes guides, étaient à l’aise, pourtant ! Je voulais surtout faire des photos relatives à l’empreinte laissée par le premier Kabyè tombé du ciel. C’est vrai que des esprits pervers s’en sont entre’temps servi pour des propagandes tribalicopolitiques. Mais je suis allé sur le mont Kalingba parce que mon guide m’a raconté une histoire curieuse et j’ai voulu vérifier de visu l’information.

Le mont Kalingba tient son nom de cette pierre et d’une panthère. Il raconte qu’une seule personne d’une seule main peut faire bouger cette pierre. Mais que plusieurs personnes ne la peuvent faire bouger (j’adore cette construction du pronom complément placé avant le verbe. J’adore. Ça fait XVIIème siècle). J’ai essayé. Sans succès. Mais mes jeunes guides me disent qu’il y a un endroit précis où toucher. On a tous essayé, la pierre n’a pas bougé.



Le vieux prêtre traditionnel connu en pays kabyè sous le nom de "Tchotcho", Pandou Pèlinguèye, totalise 11 wassi. 1 Wah en pays Kabyè correspond à une période de 5 ans après l'initiation. L'initiation elle commence à 20 ans et dure 5 ans. Ce qui fait pour le vieux prêtre traditionnel près de 80 ans. Il explique que cette version de la pierre qui bouge remonte aux guerres tribales au cours desquelles les habitants de Kouméa avaient essuyé plusieurs échecs à vouloir emporter la pierre, parce que celle-ci protégerait les populations de Soumdina-Haut. Il est de coutume que les visiteurs jettent sous la pierre Kalingba, des pièces d'argent pour dire une dire. Les élèves, à la veille des examens, vont y jeter des stylographes, des crayons et dire prières favorables à leur réussite. Cela marche-t-il? J'ai dit une prière aussi et jeté une pièce. Qui vivra verra.

On peut trouver aussi sous cette pierre des cauris, des bagues, des coupe-coupe rongés par la rouille et des tessons de pots de terre cuite.


L’histoire de cette pierre et de ce mont est aussi liée à l’histoire d’une panthère. Le vieux prêtre traditionnel dit qu’il vit sur le mont Kalingba, une vieille panthère qui serait le fétiche du village Soumdina-Haut Kaadè. C’est cette panthère qui donnerait son nom à la pierre Kalingba. Le vieux prêtre explique que c’est une bête innoffensive. On peut aller la regarder sans crainte. Son antre est peuplé de grosses mouches noires. Il lui arrive certains soirs de venir s’offrir une ballade dans le village. Ces soirs-là, il y a beaucoup de moustiques qui dévorent les dormeurs. Elle peut aussi descendre au village prendre un cabri ou un mouton et s’en aller avec. Dans ce cas, cela signifie qu’elle est mécontente et qu’il faudrait donc « chercher » pour en trouver la raison. J’ai voulu m’y rendre. Mais il faut faire un long détour et le prêtre traditionnel qui s’en occupe n’était pas disponible. Sûr que j’y retournerai. Il faut voir cette histoire de panthère de très près.

S’agissant de l’empreinte du premier homme, le vieux prêtre traditionnel a expliqué qu’elle ne se trouvait pas sur le mont Kalingba mais sur un autre mont. Malheureusement, je ne pouvais pas non plus aller voir cette empreinte. Où se trouveraient également l’empreinte d’une patte de chèvre et d’une paume de la main. Il m’a demandé de revenir une autre fois. J’aurai la chance de trouver le prêtre qui s’en occupe. Mais je pouvais voir une empreinte à Lama-Saoudè.

Il a pris pourtant soin de me donner une version de l’origine du peuple Kabyè.

Le premier homme Kabyè serait sorti sous une pierre sous ce baobab.

Aujourd’hui le tas de pierres rassemblées pour indiquer cette apparition est remplacée par une hutte. Malheureusement, je n’ai pas pu la voir, cette hutte, car c’est encore un autre Tchotcho qui officie là. Le premier homme, Abalou Sêmou, (traduction : Homme chauve-souris : Note de l’auteur (Ndla)) serait monté sur le mont Kalingba et aurait vu dans la vallée à Samalaboudè la fumée d’un feu. Il serait descendu chercher le feu, feu que la femme aurait pris de la foudre. Mais par trois fois sur son chemin retour, le feu s’est éteint. La femme lui aurait demandé de rester dormir. Ce qu’il aurait fait. Et pas une seule nuit. Puisqu’ils auraient eu deux filles. L’homme, Abalou Sêmou, aurait pris l’une des filles et serait remonté sur le mont Kalingba. Sa descendance forme donc les peuples de Lama Saoudè, Soumdina, etc. L’empreinte de Lama Saoudè, serait l’empreinte d’un fils de Abalou Sêmou. Tandis que la femme serait allée donner la seconde fille en mariage à Lassa.


J’apprends aussi qu’un blanc avait voulu bâtir une maison sur le mont Kalingba. Il commençait la fondation et le lendemain, la trouvait effondrée. Il reste encore de cette entreprise un amas de pierres qui auraient servi pour la construction.

J’ai fait mes adieux au vieux, à son épouse et à mes deux guides, à qui je tiens à dire merci. Beaucoup de bonheur à Ehouloum Atiyodi, 12 ans, classe de CM1 et à Magamana Gnim (traduction : je verrrai la fortune, Ndla), 17 ans en Seconde Littéraire au Lycée de la montagne.



Puis je suis parti à Lama Saoudè chercher l’empreinte humaine laissée sur une pierre. Infortune : le monsieur sur lequel je tombe se réclame jeune frère du chef canton de Lama. Il ne veut pas d’histoire. Il soutient mordicus qu’il n’y a jamais eu d’empreinte humaine sur aucune pierre à Lama Saoudè. Il a juste la connaissance d’une trace de patte de biche sur une pierre. Et il me conduit voir la trace.



S’il y a une empreinte humaine sur une pierre, c’est à Samala. Mais je découvre au passage une curiosité : Loukida. Cette hutte serait

Cette hutte serait un étang d’eau protégé. Tous les cinq (5) ans, on sacrifie en le plongeant dans l’eau, de nuit, un bœuf vivant. Chouette ! Faudrait voir ça ! Je me dis, que je dois déchanter.

Alors je monte à Samala. Infortune : le prêtre traditionnel que je suis supposé voir est en deuil. Néanmoins, il accepte de me recevoir et me livre une autre version de l’origine du Kabyè. C’est le vieux Tchazquê Limdou, 12 wassi, soit 12 x 5 + 25, soit un total de 85 ans. Il y a certes une empreinte à Lama Saoudè. Si le jeune n’a pas voulu m’y conduire, c’est pour deux raisons : la première serait qu’il ne pleut pas. Et il faut faire des cérémonies avant d’aller dans ce sanctuaire. La seconde, un blanc serait venu « prendre quelque chose en bas » de l’empreinte. Il ne s’agit pas d’une prise physique. Non ! C’est une histoire de sorciers ! Le fait est que je n’ai pas vu l’empreinte qui est bel et bien à Lama Saoudè.



Le vieux prêtre traditionnel Tchazquê, débite de l’air de celui qui en sait long sur ce qu’il dit, l’histoire du peuple Kabyè. Dieu aurait créé un homme (Tidim Gnamassa) et une femme (Dodo). Ils auraient eu des enfants ; dont l’aîné serait le fondateur de Lama, le second, le fondateur de Lassa et le frère puîné, le fondateur de Samala. Dieu mit des œufs dans un mortier et demanda au fondateur de Lama de piler. Il refusa. Celui de Lassa aussi refusa. Mais celui de Samala pila les œufs et il sortit dans le mortier, des pintadeaux et des poussins. Les frères lui demandèrent de prendre ses poussins et ses pintadeaux et de s’en retourner chez lui. Lorsqu’il arriva à Samala, il trouva que les poussins et les pintadeaux étaient en fait la pluie. Ce qui explique aujourdh’ui que ce sont les peuples de Samala qui détiennent seuls le pouvoir de faire tomber la pluie. C’est aussi ce peuple qui capture la mort en fouettant Saoudè Kayibada, à chaque habiyè, une danse traditionnelle ou sont faites des démonstrations mystiques.


Je suis rentré àKara en passant par Lama Gnangbadè. Je parlerai de cet intinéraire et de l’idée farfelue que j’ai eue dans un prochain billet. Je suis rentré éreinté, mais comblé. Et la sensation forte que j’ai eue au cours de cette randonnée est une sensantion bizarre, liée à la hauteur et à la puissance.

En observant de haut …


les minuscules cases, les géants baobabs qui se minusculisent, (eh, c’est encore un autre bâtard que je colle à cette langue chérie, le Français)…


sous mon regard élevé, j’ai eu la forte sensation d’être tout-puissant. Alors j’ai semblé seulement comprendre pourquoi les rois, les présidents adorent les trônes. J’ai aussi compris pourquoi Dieu préférait le ciel :

La hauteur donne l'impression de puissance.