Le siège de Géant

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Une merveille des monts Kabyè

mercredi 27 avril 2011

Miss Tradition: un combat noble et des médias muets

En marge du festival national des griots à Pagouda le samedi 23 avril, j'ai fait la rencontre de la Miss tradition. Elle, c'est Mademoiselle AWILI Essowazam, 17 ans, élève en Terminale A4 au Collège Chaminade.
Miss tradition valorise les jeunes filles et jeunes femmes qui sont restées "naturelles", celles qui ont gardé leur peau et leur teint à l'abri des ravages des cosmétiques. Et pour son mandat, Mlle AWILI Essowazam lutte contre la dépigmentation. Le thème d'ailleurs est "Halte à la dépigmenttion". C'est souvent marrant de rencontrer à l'église, au marché ou au carrefour d'une rue, des jeunes filles au teint de python, avec des tâches noires rebelles aux cosmétiques. Lamentable!
Mlle AWILI parle à ses condisciples et à ses copines, à l'occasion, des conséquences de la dépigmentation. Parce qu'il y en a qui le font par ignorance ou en imitant les copines. Les difficultés de cicatrisation des plaies, les odeurs nauséabondes, la fragilité de la peau... les accouchements difficiles...
Mais Miss tradition, c'est pas Miss-Togo. Alors circuler, il n'y a rien à voir.
Après le BAC, elle compte faire des études de Droit et poursuivre une carrière en relations interantionales.
Pendant ce temps, ce fleau de la dépigmentation qu'elle trouve plus grave et "plus dangereux" que le VIH/SIDA, va son petit bonhomme de chemin, puisqu'aucune politique ne semble le dissuader.
Le marché du cosmétique, c'est comme le marché du tabac: ça enrichit les commerçants et tue les consommateurs! Le grand travail à faire est un travail d'éducation à la maison: que les parents aient le courage d'en parler aux enfants et de décourager ceux ou celles qui veulent "changer de peau".

mardi 26 avril 2011

Festival National des Griots à Pagouda: et si on se limitait à la culture?

Le samedi 23 avril, j'ai été attiré à Pagouda, comme une mouche par le sucre, par un festival qui est à sa deuxième édition. J'ai à plusieurs reprises écouté et apprécié les chants des griots de cette région du pays, d'ordinaire muette en matière culturelle. Alors j'étais parti avec ce creux d'envie de délecter ces chants griotiques pleins de philosophie et de sagesse de vie. Mais un festival reste un festival avec ses lourdeurs protocolaires. Et ça a sapé mon envie. Prévu pour démarrer à 15 heures, heures locales, heures TU, le festival n'a effectivement commencé qu'autour de 16 heures 30. Et comme pour éprouver le public, les discours ont duré plus d'une heure. On se serait passé royalement de ces discours brodés de fils politiques. Et ça ce n'est pas bon pour la culture. La culture s'exprime mieux sans le politique dans ses jupes. Et ce festival gagnerait à réduire au maximum, l'implication du politique tant dans son organisation que dans son déroulement.  
14 groupes ont concurru. A 18 h 30, on en était au 6ème groupe. Et moi je suis parti car j'ai horreur de rouler la nuit, surtout sur une rue pleine de nids de poules, pour faire euphémisme, sinon on parlerait de puits, pour parler hyperbole. Alors je suis rentré à Kara déçu. Il semble que le festival ait pris fin autour de 23 heures.
Ce qui est regrettable c'est la précipitation dans laquelle les concurrents ont livré leurs prestations: chaque groupe avait 7 minutes au premier passage pour aborder les thèmes du sida, de l'exode, de la famille, de la prostitution, du trafic des enfants... Les organisateurs auraient pu étendre le festival sur trois jours et insérer d'autres activités culturelles ou de développement communautaires, genre ville propre, conférences-débats, visites découvertes du pays?
Mais l'impression que j'ai eue tout de suite, on dirait que la population n'a pas été impliquée. Le public était surtout composé de personnes venues d'ailleurs (Lomé, Kara surtout).
Les festivals naissent en portant en eux leur propre perte s'ils doivent reposer sur des tuteurs politiques. Parce que l'individu politique disparaît et en disparaissant, il disparaît avec le festival. Le FESTNAG devrait se dédouaner de cette charge tutélaire.

mercredi 20 avril 2011

Mon procès contre l'éducation togolaise

Je séjourne à Lomé depuis jeudi 14 avril. Au hasard d'un culte à l'église évangélique d'Agoè, je suis tombé sur un vieux pote qui sert aujourd'hui au lycée d'Agoè. On a causé de tout et de surtout de l'enseignement. Quelle n'a pas été ma surprise d'apprendre que le lycée d'Agoè pratique un système d'enseignement des plus curieux au Togo. Mon ignorance des pratiques éducatives dans les autres pays ne m'autorise pas à aller au-delà des frontières: les élèves des 1ères et Terminales fréquentent les matins tandis les élèves des classes de seconde arrivent sur les coups de 13heures pour finir à 18heures. je suis resté abasourdi.
Quoi? 
Et le vieil ami ajoute qu'il suffirait qu'on construise 12 salles de classe pour résoudre le problème.
Quoi? 12 salles de classe?
Certainement le Togo est le plus beau pays! Assurément! Le pays de l'inédit où on ne réfléchit pas utile.
je me suis rappelé cet article lu à l'époque sur http://www.togoforum.com/ en mars 2009: les écoles de Faure Gnassingbé. Et je condamne:
1 -  Les parents d'élèves pour leur pusillanimité. On ne peut accepter une telle éducation pour ses enfants quand on trime matin et soir pour les voir réussir un jour. Et surtout qu'on paie l'écolage;
2 - Les élèves d'accepter un enseignement au rabais, dégradant et méprisant;
3- Les enseignants d'accepter un tel système, au nom de quoi? Au nom de quoi, nom de Dieu?
4 - Je condamne à la supression définitive le ministère en charge de l'éducation. s'il est incapable de résoudre les problèmes d'enseignement, l'existence de ce département est inutile. Et on n'a pas honte de fanfaronner sur les petits écrans, la rengaine au bec: le niveau baisse, le niveau baisse. Honte, big shame on them;
5 - Je condamne les collectivités locales, la société civile et les opposants qui préfèrent marcher plutôt que de formuler des revendications qui peuvent entraîner des changements bénéfiques pour les populations;
6 - Je nous condamne: plutôt que nous acheter des voitures neuves, de construire des maisons où personne n'habite, de nous offrir des portables high-tech, il y a des sacrifices qu'on peut consentir pour la prétendue relève de demain. Quand même! Un peu de honte, vous autres! Un peu de honte!
Ces pratiques qui semblent n'inquieter personne, sont une forme de génocide intellectuel. C'est la jeunesse entière qui est sacrifiée, immolée sur des intérêts égoïstes. Les dirigeants de demain, ne traiteront plus qu'avec des cancres: ça gène moins, les béni-oui-oui. ça revendique moins surtout. alors avec eux, on es tranquille à continuer les pratiques tordues des parents.
La honte!