Le siège de Géant

Le siège de Géant
Une merveille des monts Kabyè

mardi 5 novembre 2013

Les gouvernements corrompent-ils les individus ?

C’est curieux que des personnes aux mœurs et valeurs admirables et irréprochables, une fois au gouvernement, se pervertissent et enfouissent au fond des détritus, tous ces attributs qui les faisaient briller. Au mois d’octobre 2012, j’ai discuté avec un ministre, encore au gouvernement. Il reconnaissait, navré, que la population ne fait plus confiance au gouvernement du seul fait que les richesses de ce pays n’étaient pas équitablement réparties. « Les populations en ont marre. On le sait. Rien que l’état de la nationale N°1 peut amener les populations à se révolter ». 
Ces propos de la part d’un ministre qui avait l’insulte et le mépris faciles à la télé, la dérision parfumant toutes ces interventions, m’avaient surpris. Du reste, m’étais-je consolé, le gouvernement de Faure « ferait réellement des efforts », suivant la formule consacrée pour qualifier l’hypocrisie et la déconfiture morale qui caractérisent ceux qui « tout pomponnés et tout maquillés » viennent « vendre des salades » à la télévision. 
 Hier, 04 novembre 2013, le gouvernement a fermé les écoles privées et publiques jusqu’à nouvel ordre. Parce que les enseignants, alors que les négociations se poursuivent et qu’il leur est même proposé des primes cumulées allant jusqu’à 50 000 francs CFA, « c’est quelque chose quand même, ce n’est rien », les enseignants que le bon sens semble ne plus comprendre, lancent un mot d’ordre de grève les 4, 5 et 6 novembre 2013, grève reconductible. Ce qui semble inouï, c’est que les cours sur la période, dixit les enseignants, seront considérés comme assurés, contre tout principe pédagogique et syndical. 
Rappel : toutes les fois que les enseignants en grève ont considéré certains chapitres comme dispensés, c’est que le super ministre de l’économie a annoncé qu’il déduirait ces jours de grève de leurs salaires. Pourquoi les enseignants reconduisent-ils la stratégie des « cours brûlés » ? Le 20 septembre 2012, a sorti une décision instituant les primes de logement et autres primes à ses collaborateurs. Il circule parmi les enseignants cette décision qu’ils photocopient ainsi une prière magique. J’ai eu le bonheur de connaître en deux situations différentes, l’actuel ministre de l’enseignement primaire et secondaire, Florent Manganawè. Les deux fois je suis reparti avec d’agréables impressions. Lorsqu’on l’a nommé ministre à l’enseignement primaire et secondaire, je me suis dit : voilà une bonne chose de faite. On a souvent placé à ce département des crétins journalistes incapables d’une analyse pédagogique, des impertinents bouviers, des avocaillons, des cancres mal-baisées, les becs emplis d’infects discours dont le refrain est le même : « sur instruction ferme du chef de l’Etat… » N’importe quoi ! Que foutent-ils là, s’il faut encore qu’un chef d’Etat leur donne des instructions fermes ! Conneries, ouais ! 
Florent Manganawè, why not ! The right man at the right place ! Le ministre qui arrive connaît la plainte de la craie blanche sur le tableau noir. Ses yeux ont gobé la poudre blanche de la craie. Ses oreilles sont emplies des gémissements des étudiants dont il partageait les peines avec une sincère empathie. Mais le ministre Florent Manganawè que j’ai suivi hier au journal de 20 heures à la TVT, tranchait diamétralement avec celui que j’ai connu : que s’est-il passé depuis qu’il est retourné au gouvernement ? Car il faut le signaler, il a déjà servi comme ministre de je ne sais plus quel domaine de l’hydraulique. Que s’est-il passé ? L’admiration que j’avais pour lui s’est évaporée ou plutôt s’est effondrée comme un château de cartes. Du moins, je ne l’ai pas compris. 
Je convoque ces questions : si un gouvernement doit pervertir un homme, quelle conduite faut-il tenir ? Démissionner et garder son intégrité, sa sincérité, ou servir le démon contre ses principes, ses valeurs et ses aspirations ? Un ministre sert-il en réalité ses intérêts, l’intérêt du président qui l’a nommé ou le peuple qu’il est censé servir mais qu’au contraire il sévit ? Pourquoi les gouvernements de Faure, depuis Eyadéma d’ailleurs, semblent-ils champions dans la corruption et la perversion des individus vertueux ? 
Mon épouse en citant Bongo ou Houphouët (elle ne sait plus qui des deux a tenu ses propos), m’injecte cette certitude : la bouche remplie ne parle pas. Exemple togolais vivant : Gilchrist Olympio. Il a cédé, depuis qu’il a composé le cartel malfaisant avec le RPT/UNIR, la harangue et l’invective à Fabre, plus fougueux, donc moins cohérent. Le premier carburait à la vengeance d’un père assassiné, le second rêve de prendre le pouvoir pour se venger d’un père politique qui a vendu à l’ennemi les dieux, les fétiches et tout le patrimoine d’une opposition qui est restée longtemps enceinte d’un espoir à l’état fœtal dépérissant et qui finira par disparaître de l’utérus historique du Togo. En conclusion, aucun des deux ne songe à servir le peuple togolais, ils ont des rêves en tapis rouge.