Le siège de Géant

Le siège de Géant
Une merveille des monts Kabyè

mercredi 22 mai 2013

TOGO: EXORCISATION D'UN PEUPLE, LE MILITAIRE NE FAIT PLUS PEUR


http://www.youtube.com/watch?v=oHgEF6XCvAA&feature=em-upload_owner

Kara, Dapaong, Niamtougou, Kantè: trois villes du nord. trois ville au nord. le nord bastion ou chasse gardée du RPT/UNIR. les velléités des dirigeants politiques les ont conduits jusqu'à Sokodé. peu se sont risqués à fouler le sol des villes citées. ils sont repartis feu au cul. avant on disait que c'est Olympio et son opposition qui manipulent les jeunes. maintenant l'insurrection est de l'intérieur. y a-t-il manipulation ? qui a manipulé à Kantè? à Niamtougou? à Kara? à Dapaong? Qui? Fabre? Zeus? Ce ne sont même pas des individus à l'étoffe d'opposants.
le peuple togolais s'émancipe de sa peur. pendant un demi siècle, le treillis a intimidé, à réprimé, a refoulé. la brutalité militaire était plus que le père-fouettard de notre enfance. il était le monstre qui emporte et avale les enfants qui ne s'endorment pas la nuit venue. un ogre.
aujourd'hui, le militaire porte toujours son treillis, il brandit son arme, son visage a la dureté du marbre, mais il n'impressionne personne.
chez les apeurés d'hier, il y a un reflux des refoulements, des peurs, des silences et des frustrations. ce reflux est violent. il n'attend qu'une moindre injustice pour ravager. quand le peuple se met à braver le flic et son arme, c'est le pouvoir entier qui est bravé.
en tout cas, les prochaines élections s'annoncent électriques, s'il y a triche, s'il y a fraude. si le peuple se rend compte que les résultats ne sont pas ceux attendus, eh bien... le peuple a trouvé sa page, c'est la rue. il y écrira son mécontentement. et le militaire n'y fera rien. 

mardi 14 mai 2013

LES YEUX N'ONT PAS DE MAINS

Ce rocher en forme de siège, m'a inspiré cette histoire. Photo Noël T. Mawo
© 13 avril 2013
 


Le soleil se coucha précipitamment derrière les montagnes comme si, après avoir, toute l’interminable journée, mitraillé de ses feux les pauvres humains et leurs chétifs végétaux, ivre et honteux, il se protégeait de leurs jurons. Le ciel, à l’est, était pommelé, et, au couchant, pourpre. Une douce brise souffla réveillant quelques frissons sur nos corps.
Nous étions assis, Didier et moi, sur ce rocher (voir photo). Depuis un mois nous nous retrouvons ici tous les soirs presque. Nous restons à bavarder jusque tard dans la soirée. C’est Didier qui m’a fait découvrir cet endroit et je l’ai adoré du premier coup. Je crois que c’est surtout cela qui nous a le plus rapprochés. Les résultats du baccalauréat avaient coïncidé avec mon dix-huitième anniversaire. Ma mère, toute heureuse de ma réussite, invita tous les lauréats de ma classe. Dont Didier. La fête avait commencé tôt à midi. Vers 17 heures, Didier me murmura à l’oreille, en me tirant par la main, qu’il avait pour moi un cadeau qui se trouvait non loin de l’église catholique. Je me laissai tirer.
Dehors, nous enfourchâmes sa moto. Cinq cent mètres environ après l’église, nous quittâmes la route pour une sente sinueuse vers les collines. La sente zigzaguait entre les buttes des champs, les souches et les rocs.  Il s’arrêta au pied d’un plateau haut de dix mètres environ. Une piste montante ceinturait ce massif. Nous gravîmes ce plateau, Didier me tirant par la main. Je peinais à monter dans ma courte jupe. Une fois là-haut, il tendit sa main vers deux énormes pierres plates et larges, l’une horizontale et l’autre verticale et les deux formant un trône avec son siège et son dossier. C’était une curiosité de la nature que je découvrais. Il m’aida à me hisser sur ce trône et nous nous tînmes debout, à regarder la ville de cette hauteur.
« Ce qui manque ici, commença-t-il, c’est le chant d’une rivière. Si nous eûmes une âme de poète, nos yeux ne verraient point des montagnes, ni des arbres et des herbes : la terre entière entendrait nos cœurs s’extasier et sourire de cette félicité. »  
Dites dans mon dos, son souffle caressant mon cou, ces paroles m’emplirent d’un certain bien-être qui fit cabrioler mon cœur. Nous restâmes ainsi, lui dans mon dos, m’effleurant à peine, et moi, le regard vers les sommets des montagnes, réfléchissant à ce que je lui dirais, s’il me relançait.
Il murmura à mon oreille : "c’était ton cadeau. J’ignore si tu l’as aimé." Je compris que la visite prenait fin. Nous descendîmes et remontâmes sur la moto puis retournâmes à la maison où la danse battait son plein.
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Il y a trois ans, nous sommes entrés ensemble en seconde littéraire. Je sentais qu’il s’intéressait à moi jusqu’au jour où, pendant la semaine culturelle au mois de mars, il lâcha qu’il m’aimait et voulait que nous sortions ensemble. C’est vrai, il avait un physique d’athlète, le visage avenant, toujours proprement vêtu : c’était le jeune mâle que toutes les filles de notre lycée voudraient avoir pour elles. Mais au lieu d’accepter, je ressentis une colère mêlée de dégoût.  J’avais promis à ma mère, après le décès de papa, que je ne sortirai avec un homme qu’après mon baccalauréat. Et je comptais tenir ma parole. Alors lorsqu’il fit la demande, je me mis à l’exécrer. Je ne loupai aucune occasion pour l’humilier, le ridiculiser, mais au fond de moi, en secret, je rêvais de l’avoir pour une « amitié sincère et durable pouvant déboucher sur des sons de cloches et des bagues », selon la formule en vogue au lycée à notre époque.
Didier s’est fait insistant. Mais plus il insistait, plus il m’énervait et plus je ne voulais pas le sentir. Mais aujourd’hui, ce samedi, un mois après les résultats du baccalauréat, trois ans plus tard depuis le jour il me dit qu’il m’aimait, j’attendais qu’il me le demande à nouveau. Cependant il parlait et parlait. Il commentait sa lecture de Mayrig, un roman d’Henri Verneuil qu’il comparait à L’Etranger d’Albert Camus. Il m’ennuyait.
Le crépuscule jetait son sombre voile confondant les sommets des montagnes et les cimes des arbres. Didier se retourna vers moi. Je voyais à peine ses yeux. Il me fixa longuement. J’étais prête. Cette fois-ci, je lui dirai "oui". J’avais  dix-huit ans. J’avais mon Bac. J’avais tenu ma promesse. Plus rien ne me retenait. Assurément, je ne dirai pas non. Non ! Je ne m’en priverai davantage. Il me prit les deux mains. Je frissonnai. Il baissa la tête comme si je l’intimidais. Lorsqu’il la releva, il me fixa à nouveau dans les yeux puis parla pantelant :
« Je pars demain pour Lomé. J’ai un vol le samedi. Nous étions à dimanche. Je vais continuer mes études en France. Mon père a réussi à me trouver une bourse. Qu’est-ce qu’on a perdu du temps à se détester ! Surtout toi ! Malgré tout, tu sais, je t’aime énormément. »
Je voulus m’enfuir. Il me retint de justesse avant que je ne dégringolasse de cette hauteur et que je ne trouvasse au sol, entre souches, rocs et buttes, une mort certaine. Je me débattis, le griffant. Il recula, recula devant ma furie. Je n’ai pas le retenir. Impuissante, je l'ai regardé disparaître. Si mes yeux avaient des mains!
Je suis rentrée seule.
Ma mère a dû m’accompagner à la police. Après m’avoir écoutée, ils m’ont laissée partir. Apparemment, ma relation de sa chute les a convaincus. J’aurais pu mentir, par peur, pour me faire plus crédible et me sortir d’une probable condamnation. Mais le faisant, je semais en mon cœur un mensonge qui se nourrirait toute ma vie de mes remords. Ce mensonge m’habiterait et nous prendrions des trajectoires différentes : lui grandissant de ma consomption et moi périssant de sa verdure et de ses fruits. Comme le dit ma mère, les yeux de la vérité sont toujours ouverts : c’est pourquoi elle va seule son chemin.
Je n’ai pas pu aller à ses obsèques. Je suis restée à pleurer à la maison secouée par cette phrase : "qu’est-ce qu’on a perdu du temps à se détester". Je ne l’oublierai jamais, cette phrase, ni son cri pendant sa chute. Et toujours m’habite, un sentiment de gâchis. Et je n’ai de cesse de me maudire. Mais à quel moment, à quel carrefour, nous autres, jeunes filles, devons-nous attraper l’amour par les cœurs sans impliquer les corps ? Ou par les corps sans corrompre les cœurs ?

jeudi 2 mai 2013

QUEL PLAISIR EPOURVENT-ILS A VOIR LES AUTRES SOUFFRIR?

Depuis quelques années, le gouvernement togolais organise des concours d'entrée à l'école normale des instituteurs à Notsè et à Dapaong. une troisième école est en construction à Sotouboua. deux autres écoles sont attendues à Adéta et à Niamtougou. c'est une démarche louable car elle permet de résorber une partie des bacheliers qui n'ont pas eu les moyens de poursuivre les études à l'université. . seulement après à peine 9 mois de formation, ils sont automatiquement détachés dans l'enseignement primaire.
pour les instituteurs de la promotion de 2011-2012, affectés depuis novembre 2012, aucun franc ne leur a pas été payé. disons que depuis 7 mois, ils travaillent sa salaire. parfois, on conçoit qu'ils passent les trois premiers mois sans salaire, que ça dure 7 mois, on se demande pourquoi?
Le ministre en charge de l'éducation se demande au moins de quoi ils vivent ceux qu'il a envoyés dans tous les coins du pays? comment peut-on être si insensible à la misère des autres?
monsieur le ministre, il s'agit des Togolais, ils s'agit des êtres de chair et d'os qui ressentent la douleur comme tout le monde. les ignorer est les assassiner. alors, de grâce, réveillez-vous ou démissionnez.