Le siège de Géant

Le siège de Géant
Une merveille des monts Kabyè

samedi 24 février 2018

Le peuple des décharges publiques



Je t’ai vu, je te vois.
Par les rues boueuses
Et sur le bitume mité
C’est certain : je te verrai courbé 
Le front couvert de sel,
Les doigts de lépreux
Et les fesses calleuses de singe.
Ton œil s’emplit d’ombre
Quand ta bécane est crevée
Ton cœur saigne
Quand ton réservoir à soif
Ou quand la pompe est plus haute que ta poche.
Dans ta tête pourtant
T’as pour rez-de-chaussée
Ton préscolaire et primaire
Ton premier est ton secondaire
L’université est ton quatrième étage :
Immeuble dont tu ne peux jouir.
Ta terre mère t’aime le dos tourné
Le curé du coin t’a oint du dernier nom
Zed de mépris, Zed de flics ripoux
Zed des nuits sans aubes, Zed des jours bigarrés.
Je t’ai vu, je te vois
Le nez constipé de fumées et de poussières
Le cœur plein d’amertume
Et le bec en crue d’insultes
Allant ta route de galère :
Salut Zed, vas-tu ?