La
citoyenneté a besoin d’un tabouret où s’asseoir. Lequel ? Quel menuisier
pour le confectionner ?
La
citoyenneté est la résultante d’une chaîne de satisfactions. Elle est la
gratitude d’un fils du pays à l’endroit de celui-ci. En revanche, celui qui
pousse des jurons à longueur de journée pour des services qu’il achète et qui
ne lui procurent aucune satisfaction, ne peut pas se sentir appartenir à son
pays. A moins d’être patriotard, s’il n’est xénophobe, prêt à se faire
hara-kiri quand la CEET passe une journée sans couper le courant ou à se vêtir
d’explosifs et à aller exploser, et s’il le pouvait, le répéter dix fois, dans
les domiciles de ceux qui disent que le pays, le Togo en cette occurrence, est
mauvais. Ce ne sera jamais de la citoyenneté,
ce sera une déviance.
Donc l’action de l’Etat devrait commencer par
là : amener tous les services à offrir des prestations satisfaisantes.
Satisfaire au moins la majorité, si on ne peut satisfaire tous.
La CEET :
coupures intempestives du courant, nonchalance dans la réparation des
pannes ; promptitude dans les coupures d’électricité pour factures en
souffrance.
ANECDOTE :
Mon compteur triphasé tombe. Je fais les tests et me rends compte qu’il y a
deux fusibles sur trois qui ne bossent pas. Je vais signaler la panne. Je communique
le numéro du compteur et le nom du souscripteur. Les agents me demandent
le plan de situation de la maison. Mais si une seule facture n’avait pas été
payée à temps, ils ne seraient pas venus me demander un plan pour venir couper.
Comment cela s’appelle-t-il ? Paresse ? Mauvaise foi ?
Dois-je
rentrer satisfait ? Hmmmm !
TOGOTELECOM :
vous souscrivez à 2 G0 pour internet. Mais lorsque vous réalisez le speed-test,
à peine avez-vous 186 kbt/s.
ILLUSTRATION :
votre boucher vous emballe deux kilos de viande. Mais au moment de manger, vous
vous rendez compte que vous n’avez même pas un morceau pour mettre dans la
bouche. Conclusion les deux kilos ne vous sont pas livrés. Donc le boucher est
un voleur.
Cette
illustration ne cadre pas avec Togotélecom, c’est pas grave : comprenez
qu’ils ne livrent pas ce qu’ils vendent. Résultats : ces concerts de
jurons dans les cybercafés et dans les services. Et je suis le maestro de ces
concerts car pour télécharger un document de moins de 100Ko, il faut parfois
attendre plus de 15 minutes.
La TdE :
Ah, celle-là ! Un tuyau se casse chez vous. Vous les appelez. L’agent qui
vous reçoit veut une précision : le tuyau cassé se trouve-t-il en aval ou
en amont de votre compteur ? En aval ? Il ne viendra personne avant
plusieurs jours. Donc l’eau qui coule vous sera facturée. En amont ? Ils
rappliquent tout de suite.
Les hôpitaux et
centres de santé : la Mecque des grognements. Personne n’y est satisfait,
pas même l’agent des recettes qui regarde défiler les billets de banque sans
possibilité de s’en servir librement. Le supplice de Tantale. Les soignants
grognonnent. Les malades, même quand ils sont crevés, grognonnent dans leur
mort. La cause est en amont : les premiers se plaignent de leur misérable
salaire et nettoient leur pauvreté sur les patients déjà des crève-faim.
Les TP :
nos routes ? Hmmm ! Pas besoin de discours.
Les concours :
Ceux qui passent un concours sont le plus souvent des chômeurs. La composition
du dossier déjà décourage : naissance légalisée, nationalité légalisée, copie
de la carte nationale d’identité légalisée, diplômes légalisés. Pourtant il
suffit d’une seule de ces pièces pour faire foi. Tenez par exemple : pour
avoir la nationalité, il faut la naissance ; pour la carte d’identité, il
faut les deux. Pour passer un examen (CEPD, BEPC, BACII), pour s’inscrire à
l’Université, il faut toute cette paperasserie.
Si pour passer un concours, on doit encore redemander tous ces
documents, c’est qu’il y a à un niveau de la chaîne, des incompétents, des
indélicats qui permettent des fraudes.
Il faudra donc agir sur les causes de ces indélicatesses qui autorisent
de faux documents et éviter en aval que pour passer un concours, on doive
trimballer tous ces papiers. Et tous ces frais : naissance
légalisée : 500F ; nationalité : 500F ; carte d’identité
nationale : 500F ; certificat médical : 5000F ;
quittance : 5000F. Ajoutez le déplacement, les photocopies et les autres
dessous de table dans les mairies pour
se faire légaliser tout cela en une matinée. Pour un chômeur, c’est le budget
de tout un an.
Aux
résultats, vous accourez : vous avez 35 ans, c’est votre dernière chance
pour entrer dans la fonction publique, parce que, avec votre maîtrise en
Lettres Modernes, vous ne pouvez pas travailler au 3ème quai du port
autonome de Lomé.
Vous avez téléphoné à votre oncle à Lomé, vous avez rallongé
vos bras. Pourtant, vous écarquillez les yeux. Votre nom n’y figure pas. A
votre grande surprise, votre copain/copine qui n’avait pas passé le concours, a
son nom, lui /elle. Il/elle a réussi au concours de l’ENES.
La
chance ?
Vous
maudissez toute la terre entière. En rentrant, préoccupé sur votre bicyclette
ou sur la moto que vous avez sollicitée de votre voisin, vous brulez le feu
rouge et le policier vous prend : amende : 5000 Francs. Il vous fait
une bonne leçon de citoyenneté. Vous êtes la cause que le pays n’avance pas. L’Etat
fait des efforts vous, vous acharnez à les faire capoter.
Tous
les acteurs de cette gabegie sont pourtant des compatriotes qui gueulent à télé
qu’il faut être citoyen. L’Etat devrait
commencer par assainir toutes ces déliquescences avant d’asseoir une
citoyenneté engagée et participative. La citoyenneté naît de la satisfaction et
de la joie d’appartenir à pays.
Sinon,
cette campagne sera pareille a celle que feu Eyadema avait montée sur la
solidarité et « consommez produit togolais » : ridicule,
lamentable, cette femme dans la pub, achetant des oranges, pour marquer la
solidarité. N’importe quoi ! Comme si le Togo n’avait pas des gens qui
réfléchissent et créent.
Citoyens ?
Nous le sommes à la naissance. Mais nos serviteurs nous pervertissent. Il est
important de rappeler que les dirigeants sont les serviteurs du peuple. Et les
dirigeants doivent comprendre que lorsqu’un patron n’est pas satisfait des services
de son serviteur (boy), il le vire. Et les élections sont l’occasion pour le
peuple de virer ses serviteurs. Qu’ils acceptent de partir sans réclamer des
indemnités de licenciement.
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