Le siège de Géant

Le siège de Géant
Une merveille des monts Kabyè

jeudi 8 mars 2012

EPHEMERES AVENTURIERS

(Je viens de tomber sur le cahier dans lequel j'ai écrit mes premiers poèmes. Le tout premier, c'était en 1986: je me fais la joie de le reprendre sur la toile, sans rien corriger. A l'époque, mon prof de Français,Sédzro Yao Sémé, qui m'avait dans son estime et me fit lire Le discours de la méthode, Descartes, Les pensées de Pascales, Candide de Voltaire, L'Etranger d'Albert Camus, Chemins d'europe, Le vieux nègre et la médaille, Une vie de boy de Ferdinand Oyono, les appréciait et m'encourageait: qu'est-ce qu'il est devenu? J'aimerais bien retrouver sa famille! Ce texte il me souvient l'avoir déclamé un jour de semaine culturelle! Quel accueil obtint-il à l'époque?

Beaux chevaliers qui débarquez
Innocemment contents dans ce désert chaud
Tristement ravis dans cet enfer
Sans courage et nantis de faiblesse: que venez-vous chercher?

Et vous voilà déjà conscients
Pliants biceps et torturant méninges
Hélàs le fruit de vos peines est toujours vain
Et toujours pour toujours vous souffrez

Et un soir, un matin, une nuit
Sans jamais savoir comment et pourquoi
Sans jamais savoir où vous allez
Vous quittez tout: qu'êtes-vous venus voir?

Ni bonheur, ni repos vous ne trouvâtes
Vous qui souffrîtes, êtes éteints
Eteints un soir comme un empire:
La vie pour vous est éphémère.

Et jamais, plus jamais
Nul ne vous reverra
Qu'êtes-vous venus chercher
Beaux chevaliers qui repartez?

Enseignants et primes de bibliothèque: mon oeil!

On se souvient qu'au début de cette année scolaire, les enseignants ont observé plusieurs mouvements de grève, allant jusqu'au chantage de dispenser des cours au rabais si quelque prélevement était sur leur salaire. Ils ont obtenu, au bout des marchandages de haoussas vendeurs et clients paysans, des primes de rentrée et de bibliothèque cumulées à 120 000 FCFA.
Certains  ont touché ces primes en février: mais qu'en ont-ils fait? Il est vrai que c'est "LEUR" argent. Mais...
J'en ai croisé que se réjouissaient d'avoir "verser des camions de sable et de gravier" sur leur terrain; d'avoir "acheté une tonne de ciment". Une directrice jubile: "j'ai pu payer mes dettes. j'avais acheté des pagnes pour les fêtes...". Il y en a qui ont organisé des fêtes avec des amis dans les bars où ils ont fatigué la bière. Ceux qui étaient à l'hôpital n'ont rien fait d'autre que de reverser cet argent à la pharmacie.
Que dire? De livres achetés, il y en a combien? Difficile! Si cet argent doit servir à verser des camions de sable et de gravier et à payer des dettes, plutôt que d'acheter des livres pour améliorer l'enseignement, je me pose des questions:
  1. Le gouvernement, plutôt que de verser des primes de bibliothèque, n'achèterait-il pas des livres à distribuer aux enseignants? Là, je me dis que ça va être la catastrophe: des livres coûteront ce qu'ils ne coûtent pas. on a vu des fêtes où on a acheté des cabris à 500 000francs; abolo à 2 millions. on se connaît dans ce pays: la gourmandise des uns prive les autre du moindre.
  2. Imposer que les enseignants présentent les livres achetés aux chefs d'établissement? Trop puérile!
Que faire? On a pas la tradition d'acheter les livres. Un vieux condisciple s'étonnait à l'université que je m'achète des livres alors que lui préférait les fringues. on était tous pourtant au même département.
C'est la qualité de l'enseignement qui trinque. On est à l'heure de la tablette électronique, mais les enseignants traînent encore de vieilles fiches du précédent millénaire. Et c'est pour cogner sur les élèves: "ils n'apprennent pas leurs leçons; ce sont des fainéants"!
Et nous autres enseignants? Qui sommes-nous, si plutôt que d'acheter des livres on achète du sable, on paie ses dettes, on boit la bière?
Je suis remonté en tout cas!