Le siège de Géant

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Une merveille des monts Kabyè

mardi 16 juin 2009

Interview de Daniel Lawson-Body sur son roman "La déméninge"



(Vous trouverez toute l’interview publiée sur le site de www.togocultures.com. J’ai juste publié cette partie sur mon blog parce que j’estime qu’elle peut susciter des commentaires enrichissants sur la critique de la littérature togolaise.)

MAWO Tingayama : Après le premier café-littéraire le jeudi 23 avril 2009 à Lomé, deux réactions ont été publiés sur www.togocultures.com et sur le blog de Toni Féda. La critique des deux réactions a surtout porté sur la pureté de la langue française que vous défendez alors que vous-mêmes mêlez plusieurs registres de langue. Elles ont aussi souligné la « paillardise », les « ribauderies » dans le texte : les avez-vous lues, ces réactions ?
Daniel Lawson-Body : Des deux réactions dont vous parlez, je n’ai lu que celle de Tony Féda. Globalement, il faut malheureusement déplorer que l’auteur de cet article ait lourdement perdu de vue la définition élémentaire de ce que c’est qu’une critique et plus spécifiquement une critique littéraire, au point d’en arriver, avec une légèreté déconcertante, à manquer de discernement et d’humilité, deux impératifs qui font de tout chercheur, un homme de science et de référence. Sur la substance et l’essentiel de la critique qui m’a été faite, surtout celle relative à la pureté de la langue française que je défendrais, je tiens à dire ceci : je ne défends rien, j’aime et enseigne une langue et à chaque fois que des entorses lui sont faites par ignorance, je me dois, comme tout autre enseignant de cette langue, de tirer la sonnette d’alarme. Du reste, c’est bien pour cela que je touche un salaire tous les mois et ceci depuis des décennies. Quand j’ai entre mes mains des copies d’étudiants qui aspirent à être des spécialistes de la langue, qui postulent à en être des orfèvres et des ciseleurs et que je note dans ces copies des fautes grossières qui conduisent à un schisme consommé avec cette langue-là, oui je ne peux que sanctionner pour enseigner la norme. A présent, parlons de la grosse hypocrisie qui consiste à condamner la paillardise et les ribauderies dans ‘’La Déméninge’’. A ce propos, allons sur mes réactions suite à ces critiques. Globalement, j’estime que le compte rendu de lecture de Tony Féda, n’est pas et ne saurait constituer pour moi une critique. Il pèche lourdement par son côté subjectif. Il démontre à suffisance, la méconnaissance profonde de ce qu’est fondamentalement une critique. Alors ne renonçant point à nos obligations de pédagogue, apportons-lui sans frais, les fondamentaux à maîtriser lorsqu’on décide de s’engager dans ce domaine où le seul critère de validation, et donc d’intérêt reste la scientificité de la démarche ou de l’approche choisie pour éclairer une œuvre d’un jour nouveau. Parmi les multiples définitions de la critique, il en est une qui enseigne que la critique, c’est de la littérature sur la littérature, c'est-à-dire de la littérature au second degré. Conséquence directe, il ne saurait y avoir de critique si on n’a pas un texte qui lui pré-existe. A présent, je vais analyser quelques uns des arguments de Tony Féda pour en démontrer et en démonter la vacuité du propos. Arrêtons-nous tout d’abord sur la première affirmation gratuite de ce compte rendu de lecture.
‘’L’année n’est pas encore terminée, mais ce roman pourrait en être le pire. On parie ? ’’
Comment un critique qui se veut sérieux et crédible peut-il si légèrement aller sur l’inexistant pour condamner une œuvre ? Nous sommes en avril et à huit mois de la fin de l’année, l’augure ou le gourou de la littérature se laisse aller si facilement à ces genres de pronostic. Plus désopilant, il joue au prophète et demande un pari. C’est du jamais vu en critique. La critique n’est pas la science, parce que celle-ci traite des sens tandis que l’autre en produit, mais elle n’est surtout pas une affaire de prophètes. Fort de ce qui précède, on est en droit de se demander, en considérant globalement ce qu’affirme sans démonstration Tony, s’il n’est pas en mission commandée, ou si quelque part, il n’a pas été chargé de l’exécution d’une œuvre de salubrité publique !
Deux lignes plus loin, il déclare que ce roman va certainement faire jaser pour longtemps le monde de la critique. Traduit en bon français, cela veut dire que cette œuvre ne va laisser personne indifférent. Dit autrement, cela signifie bien qu’elle est forcément intéressante. Alors comment peut-on, sans craindre le ridicule, affirmer une chose et son contrainte aussi aisément et presque dans une simultanéité déroutante? Cette incohérence dans l’argumentation, je la note ailleurs dans son texte lorsqu’il écrit :
‘’Il est clair que pour son premier roman, Lawson-Body a voulu écrire pour ses étudiants, ses amis, et pour un public restreint de Togolais. Il n’y a pas de doute qu’il a atteint ce but, et le critique ne sera pas étonné de trouver un jour les élèves se passer ce livre comme des petits pains.’’
M. Tony, en bon français, lorsqu’on dit que quelque chose s’arrache comme de petits pains, cela signe définitivement le succès total de cette chose-là. Le savez-vous ?
Il ajoute :
‘’Mais en fait de sexe, l’auteur a pris un grand risque de tomber dans la vulgarité la plus banale… Il a bien voulu décerveler toutes les paillardises qui lui passent par la tête… Il est allé à la limite de l’obscénité sans prendre de gants. Il est un mauvais parolier. Il s’est enfermé dans une écriture qui a donné un roman au français alléché mais au projet romanesque plutôt mal léché. Il lui a manqué du génie.’’





Et ses amis du blog de renchérir :
‘’ Mais, il faut l’encourager, le prof, sinon il risque de casser sa plume. Il paie là sa suffisance. Pauvre romancier débutant ! Prof imbu de lui-même. Bizarre, le mec ! Il est brailleur chiffonnier, il fait le pitre.’’
Que faut-il répondre à toutes ces attaques personnelles qui n’ont franchement rien à voir avec la critique ? Qu’il faut laisser les choses basses mourir de leur propre poison et enseigner que dans les débats d’idées, les incantations, les insultes sont le lot de l’intellectuellement faible dont décidément les arguments ne passent plus. Dans un tel registre qui fait dans le crapoteux, tout bipède doté d’un coefficient intellectuel moyen, peut exceller avec bien plus de réussite. Enfin, pour arrêter cette démonstration, posons cette question à l’auteur de ce compte rendu : le style dans lequel il écrit et qu’il affectionne visiblement, est-ce bien celui de Biton Coulibaly ? Et si j’ai bien compris, serait-il la référence à enseigner dans nos amphis à nos étudiants ? Ce texte n’est ni une analyse fantaisiste parce que dans la fantaisie il y a à n’en pas douter du plaisir et du génie, ni une analyse juste puisque déclarativement, elle ne définit aucune méthode qui permettrait d’en garantir la justesse ou la validation. Il tient pour l’essentiel, du vraisemblable critique que Roland Barthes définit comme étant ce qui va de soi, et reste en dehors de tout principe, de toute méthode. Le vraisemblable critique aime les évidences, les vérités toutes faites, et elles sont si souvent normatives. Ce qui n’entre pas dans son orbite sémantique devient bizarre, ou incroyable. L’incroyable comme dit Barthes, procède du défendu, c’est-à-dire du dangereux. Dès lors, les désaccords deviennent des écarts, les écarts des fautes, les fautes des péchés, les péchés des maladies, les maladies des monstruosités, car aussi longtemps que la critique a eu pour fonction traditionnelle de juger, elle ne pouvait être que conformiste, c'est-à-dire conforme aux intérêts des juges. Ceci n’a rien à voir avec la véritable critique des institutions et des langages. Dans le cas de notre ami, je reste convaincu qu’il n’y a pas grand intérêt, et on n’a pas grand mérite si, sur une œuvre donnée, on propose une glose ou un commentaire libre à qui l’on cherche désespérément à conférer une dimension scientifique qu’elle n’a pas. Nous sommes aujourd’hui dans une civilisation du bavardage qui permet la prolifération de tous les genres de discours, c’est de bonne guerre. Ces discours séduisent plus d’un, c’est tout aussi normal. Pour moi, je réaffirme que celui de notre ami ne présente aucun intérêt, frappé qu’il est de beaucoup d’amateurisme. Un critique littéraire est un spécialiste qui doit pouvoir se prévaloir d’une méthode, d’une approche qui lui donnent des outils, et des armes, et des techniques dont il doit se servir lorsqu’il se pique de faire de la critique. Faute de cela, il faut prendre son travail pour ce qu’il est à la vérité : un épiphénomène, né de la lecture à la va-vite d’un texte dans l’urgence journalistique de rendre compte en primeur d’un événement littéraire, avec ce que cela comporte comme risque de rater l’essentiel pour des considérations de secondes zones. Il faut apprendre à gratter l’os si l’on veut atteindre la moelle. Une lecture au premier degré d’une œuvre est toujours une lecture de consommation. Elle requiert pour se réaliser, l’immédiateté. De ceci, le véritable critique doit se méfier, puisque sa véritable mission, c’est d’apporter un plus à l’œuvre si cela est possible, ce que les économistes appellent ‘’de la valeur ajoutée’’, à travers une lecture de dévoilement, je dirais de digestion qui, elle, ne peut se réaliser qu’à partir d’une distanciation incontournable du vrai critique par rapport à toute impression première qui finalement n’est qu’une première impression sur toute œuvre donnée. Pas étonnant donc, qu’en l’absence de toutes ces dispositions et ces précautions, le Sieur Tony ait décrété de façon péremptoire et sûrement avec un mouvement de menton j’imagine, que l’auteur de ‘’La Déméninge’’ n’a aucun génie. Qu’il lui reconnaisse au moins celui des belles lettres, ce serait déjà ça être objectif et conséquent avec soi-même. Que faut-il conclure ? Qu’il est urgent que M Tony se mette ‘’hic et nunc et illico presto’’ en apprentissage de ce qu’est l’objet littéraire et que, pour l’y aider, des ouvrages de bases lui sont indispensables s’il veut s’exercer dans le domaine de la critique littéraire avec quelques chances d’être pris au sérieux à l’avenir. A cette nouvelle école, je lui recommande fortement de lire de Roland Barthes : "Le Degré Zéro de l’écriture" suivi des "Nouveaux essais critiques", ‘’Critique et vérité’’, ‘’Le plaisir du texte’’ enfin. Dans cette nouvelle aventure qui s’impose à lui comme un impératif curatif, qu’il fasse sien le mot de la fin de ‘’La Déméninge’’ : ‘’La terre promise se trouve toujours de l’autre côté du désert.’’ Qu’il ne perde pas de vue surtout, et il y gagnerait beaucoup en crédibilité, que sans être cloisonnée au nom de l’interdisciplinarité qui la caractérise, la faculté des lettres est bien compartimentée. N’immigre pas dans un domaine qui veut pour y vouloir jouer les francs-tireurs. Cela s’appelle de l’amateurisme primaire, et à ce niveau de spécialisation, c’est à tout le moins prétentieux, pernicieux et toxique.

19 commentaires:

  1. LAMENTABLE, en plus le roman n'est pas bon, une bleuette! Il n'est pas du devoir de l'écrivain de dire au critique ce qu'il doit faire,ce qu'il doit lire, c'est une preuve d'immaturité de la part de Lawson-Body. Le critique est libre, tout comme l'écrivain est libre d'écrire des banalités. Le chemin est encore long pour l'écrivain débutant. Et qu'il arrête de penser que ceux qui critiquent son livre sont en service commandé. Moi, franchement, le roman m'est tombé des mains.

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  2. EEEEh Dja, l'homme parle comme un livre. Mais je ne suis pas sûr qu'il ait raison. En plus, il oublie de dire qu'il est allé au journal de Monsieur Tony pour le frapper,, ou le menacer. Peut-il nous expliquer pourquoi ce comportement de gamin vexé? Eeeeh, un peu d'humilité, Monsieur Body.

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  3. Autant je n'aime pas particulièrement le style un tantinet pédant du professeur (certains n'aimeraient pas aussi mon ton rocailleux du commandement militaire) autant je n'apprécie pas le procès qu'on fait au roman( ou à son auteur). Je pense qu'il est utile de faire une chose, c'est saluer la naissance de l'oeuvre, et en faire la plus grande promotion. Le spectacle de cette guéguerre entre nous Togolais est désolant, vraiment.

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  4. Christophe a dit : (philo 4° année)

    Florent, c’est vrai, c’est votre droit de dire que ce roman n’est pas bon et que c’est une bleuette .Mais n’affirmez plus jamais qu’un écrivain ne doit pas dire au critique ce qu’il doit faire,lire parce que Tony Féda n’est pas un critique .Cela a été démontré à suffisance. En littérature que d’écrivains ne sont devenus des critiques et de critiques écrivains .Il y a tellement d’exemples. Alors attention à ces affirmations. En plus dans le cas de Monsieur Lawson c’est un critique qui a écrit un roman ;si vous le savez alors c’est une aberration de lui dénier tout droit de réponse dans un domaine où il a quelques compétences. Il vous a dit qu’en critique, c’est la méthode et la scientificité dans la démarche qui comptent pour valider un texte. Est-ce cela qui est lamentable ? Vous dites par exemple que le critique est libre tout comme l’écrivain est libre d’écrire des banalités. Vous avez raison. Mais dans ce cas pourquoi une banalité voudrait-elle critiquer une autre banalité ? Expliquez- nous cela ?

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  5. Augustin s’interroge :

    Florent : vous dites que franchement le roman vous est tombé des mains. Je voudrais vous poser cette question. Quand est- ce que ce drame s’est- il produit ? Aviez-vous le roman entre les mains quand vous aviez lu la réponse de Monsieur Lawson qui a déclenché chez vous la maladie du tremblement des mains ? Sans commentaire .

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  6. eh bien, ça commence à devenir interessant. M florent à la barre.
    Pour être plus sérieux, chaque fois qu'une oeuvre littéraire (artistique) voir le jour au togo, c'est notre patrimoine qui s'exprime. Et rien que pour ça, nous devrions en être fiers.

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  7. Marie a remarqué et enseigne :(L. M 4° Année littérature et critique)

    Florent : A l’ évidence le cours de critique de monsieur Lawson a fait très mal. Il vous a démontré argument contre argument,point par point dans un premier temps que le compte rendu de Monsieur Tony Féda était vide du point de vue critique. Prenez un dictionnaire et allez à la lettre ¨c ¨ et cherchez la définition de ¨critique¨ et de ¨critique littéraire¨.Vous verrez si Monsieur Lawson a raison ou tort. L’erreur est humaine, dit-on, mais persévérer dans l’erreur, c’est diabolique.

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  8. Achille invite :( linguistique 3)

    Tony et ses amis n’ont qu’à s’en prendre à eux mêmes. Ils ont jeté un caillou dans un camp militaire. Gare au retour de bâton. Qu’ils en assument donc toutes les conséquences.

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  9. Mohammed voudrait savoir :

    Qui a dit que monsieur Lawson est allé au journal de Monsieur Tony pour le frapper ou le menacer? Voici ce que Monsieur Lawson a répondu lors de la dédicace à l’Université de Lomé quand la question lui a été posée : « J’ai invité Monsieur Tony Féda à venir à cette dédicace la nuit où je l’ai rencontré pour la première fois. Je ne le connaissais ni d’Adam ni d’Eve. C’est un ami qui m’a amené chez son directeur de publication, Monsieur Johnson que je ne connaissais pas non plus. Ce jour-là ,il venait sortir numéro dans lequel Tony Féda avait fait son compte rendu in extenso. C’est lui QUI nous a offert le numéro du journal tout comme celui qui l’a précédé et dans lequel j’avais lu un petit entrefilet sur les premières impressions de Tony Féda, c’est tout. Nous étions en train de quitter le bureau , quand dehors, Monsieur Johnson me montre dans le clair obscur un Monsieur et c’est lui qui me précise qu’il l’auteur de l’entrefilet que j’avais lu et de l’article du numéro dont je n’avais pas encore pris connaissance. J’ai dit à Tony féda devant témoin s’il était vraiment venu à la dédicace au centre culturel français et pourquoi il n’avait pas voulu porter la contradiction en présentiel. Je lui avais demandé s’il avait lu le roman. Nous sommes en discussion lorsque je lui ai reproché l’exploitation de mauvaise foi qu’il avait faite de la préface pour conforter sa thèse sur le niveau de langue de la Déméninge. Il l’ a très mal pris. Il a haussé le ton, je l’ai suivi et rien de plus. Son directeur est venu lui faire des remontrances en lui rappelant qu’il lui avait toujours dit de faire attention lorsqu’il choisit de porter un regard critique sur les œuvres d’autrui. Tony lui avait répondu qu’il n’a de leçon à recevoir de personne. A mon endroit, il a demandé que j’aille lire le compte rendu. Nous nous sommes séparés et Monsieur Johnson nous a offert un pot après m’avoir promis de publier ma réponse dans son journal. Que celui qui a donné et fait propager la version de la correction corporelle ou du châtiment ou de la menace fasse le déplacement au journal de Tony Féda pour écouter la version de son directeur de publication. Et si ce que je raconte-là est vrai, alors on doit se poser la question de la véritable intention des propagateurs du mensonge comme argument critique. Voilà ce qu’a déclaré Monsieur Lawson. » Que dit Tony Féda par rapport à ça si ce n’est pas lui qui est allé raconter une affaire aussi rocambolesque dans la logique de la victimisation d’un citoyen qui ne fait que son travail et qui mérite la sympathie de ses amis?

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  10. J'aurais quand même aimé entendre Toni Féda sur la question. C'était d'ailleurs l'objectif pricnipal s j'ai choisi de publier cette partie de l'interview sur mon blog. Que dit Toni féda par rapport à la réaction du professeur sur son compte rendu de lecture? Le professeur est-il allé menacer Toni Féda dans sa boite? Toni Féda est-il en service commandé? La réaction de Toni relancera le débat. Je crois qu'il fera diligence.

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  11. un prof imbu de lui-mêm veut qu'on boive dans sa main. Il nous rappelle un Améla qui nous disait "Vous devez boire tout ce que je vomis". S'il a fini d'crire qu'ils laissent les lecteurs faire le reste du travail au lieu de chercher à leur faire la morale. Arroseur arrosé! Le ogolais a la critique facile mais ne supporte pas la critique. Tony n'est pas l'étudiant de M. Lawson.

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  12. Arts et liberté d’expression
    Les artistes qui insupportent la critique
    Dehors, les artistes s’attaquent le plus souvent aux hommes et systèmes politiques, raillent le quotidien, mais en retour eux-mêmes sont très allergiques à la critique. En témoigne le cas de l’écrivain et universitaire togolais Daniel Lawson-Body, très amer sur les critiques sur son premier roman, La Démininge (Ed. Graines de pensées, 2009), une vraie déception, et demande aux journalistes de venir le consulter avant toute publication.

    Après lui, c’est Samuel L.Jackson, le célèbre acteur africain-américain qui s’en prend aux bloggers et veut être critiqué en face. Agacé de lire sur des blogs des propos négatifs sur ses films, il souhaite rendre la monnaie de leur pièce aux blogueurs en leur proposant d'argumenter face à lui. L'acteur aurait déjà donné son numéro de téléphone personnel à certains d'entre eux pour organiser ces " rencontres ". " Ces bloggers peuvent écrire des trucs négatifs sur toi, mais on ne sait pas qui ils sont, alors que je suis une personnalité publique. C'est totalement injuste. Je veux en avoir un en face de moi pour avoir une conversation ".
    On se souvient que le réalisateur Uwe Boll avait organisé des matches de boxe entre des critiques - ayant descendu ses films - et lui.
    Les Sainte-Beuve modernes ont intérêt à se tenir au carreau !
    © L’Union du 10 juillet 2009

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  13. La haine éternelle d’un essayiste pour son critique
    Par Pierre Assouline (à méditer)

    En principe, un écrivain ne répond jamais à la critique. Même s’il s’est fait étriller. Surtout s’il s’est fait étriller. Non seulement cela ne se fait pas, mais c’est souvent vain (dans le meilleur des cas, un droit de réponse enterré en bas à gauche de la page recto, visibilité nulle) ou contre-productif (dans le pire des cas, un droit de réponse assorti d’une réponse encore plus assassine car vexée). Même lorsqu’il se contente d’un courrier privé, cela ne va pas sans risque. On se drape donc dans le large manteau de l’indifférence même si les coups sont durs à encaisser et si les blessures d’amour-propre mettent des mois, voire des années, à cicatriser. Sinon, on met le doigt dans un engrenage qui pompe l’énergie, accentue la parano latente chez les artistes et accapare l’esprit.
    Alain de Botton, un Suisse de Londres, n’est pas de mes écrivains de chevet ; une conversation que nous avons eue en 1997 sur un plateau de télévision à propos de Comment Proust peut changer votre vie, et la lecture de son si naïf essai à succès, m’avaient toujours découragé de suivre le reste de son oeuvre, exception faite de L’Art du voyage, pire encore dans l’insignifiance. Ceci rappelé pour préciser que ce qui m’intéresse aujourd’hui dans son attitude, c’est le principe, en dehors de toute considération sur l’intérêt de ses écrits, même s’ils bénéficient régulièrement d’une large audience dans un certain nombre de pays.

    Voici l’affaire : la semaine dernière, Caleb Crain publiait dans le New York Times Book Review une critique d’une ironie dévastatrice de son nouveau livre The Pleasures and Sorrows of Work, réflexions sur la nature du travail dans nos sociétés ; ce fils d’un richissime financier s’autorise à y juger “futiles” nombre de métiers et ceux qui les exercent. Caleb Crain y pointait la candeur de l’auteur, sa superficialité, son snobisme, sa légèreté et ses contradictions. Ce qu’Alain de Botton n’a pas supporté. Aussi s’est-il invité sur le blog du critique, dans les commentaires, pour lui dire publiquement son fait : mauvaise langue… désir pervers d’abaisser… et puis :

    ”Vous avez désormais tué mon livre aux Etats-Unis, rien de moins. Deux ans de travail fichus en l’air par un misérable articulet de 900 mots…. Je vous haïrais jusqu’à mon dernier jour. Je vous souhaite le pire de ce qui pourra vous arriver à chaque étape de votre carrière. J’en observerai le processus avec un intérêt mêlé d’une joie maligne” (il utilise là le mot allemand “schadenfreude”)”

    Et à un internaute qui se dit surpris de cette violence, Alain de Botton répond qu’il réagit ainsi pour la première fois ; ce qui l’a décidé, c’est ce qu’il tient pour des accusations démentes dans leur esprit vindicatif ; il estime que le pardon n’est pas la seule option lorsque la provocation est si énorme. Il se justifie en avançant que le fossé est trop large entre le livre et sa critique et qu’il n’y a pas reconnu son travail. Une injustice ? Mais l’histoire littéraire des deux mondes en est pleine ! So what ? Comme si un écrivain devait tenir compte de la critique pour continuer d’écrire ce qu’il a à écrire ! Le papier de Caleb Crain n’a rien de diffamatoire. Pas la moindre calomnie. Il se paie juste sa tête car il n’arrive pas à prendre son essai au sérieux tant l’analyse y est faible. M’est avis que l’offensé eut gagné à s’écraser. Cela lui aurait évité de s’enfoncer encore plus, après le charivari suscité par son cri de haine, en s’excusant sur Twitter par un “J’ai eu tort, j’ai manqué de contrôle sur moi et maintenant j’ai honte…” du plus mauvais effet. Il faudrait que quelqu’un lui dise d’arrêter.
    http://passouline.blog.lemonde.fr/2009/07/04/la-haine-eternelle-dun-essayiste-pour-son-critique/

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  14. Ce qui est surprenant, c'est que Lawson-Body ne relève que les propos qui le blessent et ne parle guère des phrases sur la faiblesse de son roman. Je suis allé sur le blog de Tony Feda, voici: un passage:"Comme le titre l’indique, l’auteur de La Déméninge, un néologisme forgé sur déménagement et méninges, a bien voulu décerveler toutes les paillardises qui lui passent par la tête, mais il est allé à la limite de l’obscénité sans prendre de gants, limites qu’ont dépassés des auteurs comme Sami Tchak et Sade avec en sus la beauté de la langue. Sans compter ce choix étroit de l’autofiction, faiblesse copiée chez les romanciers français contemporains, qui consiste pour l’auteur romancier à se prendre pour le nombril du monde et à croire sa petite vie transcendante au point de constituer le matériau d’une fiction"
    Puis ceci encore: "Puis encore et encore, l’auteur poussant même le chic d’aligner les synonymes, des lieux communs et des histoires drôles qui, si elles sont tout à fait drôles, ne sont quand même pas inconnues, il suffit pour s’en prouver de faire un tour sur www.humour.com!"
    Ca aussi, il faut lire les livres de critiques pour cités par M Lawson pour avoir une telle opinion. Ce roman est mauvais, l'auteur devrait plûtôt éviter d'être parano, surtout qu'il a l'intention de nous servir encore une suite à ce roman. Qu'il ait pitié des lecteurs!

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  15. Désolé Noël, je viens d'arriver sur ton blog. Pas mal du tout. Mais ce que dis Lawson Body par rapport à ma mission commandée n'a pas de sens. Qui est le commanditaire de la mission et à quelle fin? Je ne pas fréquenté l'Université de LOmé et je ne connais pas beaucoup le milieu universitaire, à part deux profs que j'adore, deux historiens Napo Ali et Goeh-Akué.
    Lawson-Body était furieux et était surpris que je ne lui ai pas posé des questions sur le roman avant de publier ma note de lecture. Mais irais-je publier réveiller Victor Hugo dns sa tombe avant de publier un papier sur lui. Je fais de la critique journalistique et je suis le seul à le faire dans l'environnement médiatique togolais. J'en ai fait pour plusieur auteurs togolais et dès fois très négatif, notamment en ce qui concerne le dernier roman de Sami Tchak, mais jamais je n'ai eu ce genre de réaction.
    Je ne m'affuble pas du titre de critique littéraire, n'ayant pas les hauts savoirs de M. Lawson-Body Daniel. Mais j'ai lui quantité de romans pour savoir distinguer un bon roman d'un mauvais. Et en ce qui concerne La déméninge, je crois savoir que l'auteur peut faire mieux. Il est passé à côté,il n'est pas le premier et ne sera pas le dernier. combien d'ailleurs ne fon pas flop pour un premier essai.
    Il m'a invité à sa dédicace à l'UNiversité , juste pour connaître de comment il sera ascensé pa ses collègues. J'ai refusé pour la simple raison que je n'ai que faire des éloges de ses amis.
    Je sais reconnaître mes erreurs, et chaque jour qui passe j'apprends. Merci quand même pour l'impressionnante bibliographie qu'il m'asuggérée. J'en prendrai soin.

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  16. Content que tu aies réagi. Je désespérais presque de ne pas te voir réagir.On va attendre la suite.

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  17. voila nous autres comme je nous aime. Du très grand art. Il faut préciser Tony, que tu as fais une note au sujet de parcours de combattants, en égratignant joyeusement ma bidasserie, et qu'après avoir grogné comme moi seul sait le faire, nous sommes allés boire la bière.
    Tony fait un boulot qu'aucun journaliste togolais ne fait et nous devons lui en être reconnaissants. Et il faut suivre les conseils de passouline, ne jamais répondre à une critique.
    C'est comme à la conférence nationale dite souveraine, si tu réponds à l'attaque, tu finis par verser des larmes chaudes. suivez mon regard.
    Ajoutez de la vie à vos jours.

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  18. Gaëtan Noussouglo22 juillet 2009 à 09:09

    De toute façon, la critique togolaise sortira grandie. Quand un auteur a fini de faire son boulot qu'il laisse les lecteurs et les criiques faire les leurs.Il est hors de questions de se poser en magister dixit. Gerry a bien conclu. Allez tous boire du tchouk, du Tchapa ou du sodabi ou du vin, pour un meilleur travail de l'esprit. Tout le monde y gagne. Un mauvais citique aussi attire l'attention sur un roman. M. Lason-Body est un bon prof!

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  19. Il y en a qui croient que faire des grandes phases longues, pompeuses et emphatiques et pleines de mots, ça s’appelle argumenter, critiquer, creuser, mieux faire! Souvent, ce sont les mêmes qui confondent physio et videur, d’ailleurs.

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