Quand le militantisme enivre la muse!

Je suis installé devant mon petit écran, zappant d'une chaîne à une autre. Je marque un arrêt sur la chaîne panafricaine Vox Africa qui passe un sujet sur les élections sud-africaines. Jacob Zuma serait sur le point d'être élu président de la république sud-africaine, cela ne fait plus aucun doute. Lorsque le commentateur présente le monsieur, mon épouse très religieuse dans le propos, s'exclame: "Tiens, regarde! Zuma is like Jesus. C'est n'importe quoi!" Et elle poursuit: "Jésus n'a jamais été accusé de viol ni de corruption".
Je souligne la comparaison au passage, rappelle que Zuma a été blanchi par la justice et lorsqu'on est blanchi par la justice, c'est qu'on est immaculé conçu. J'autorise cependant une fiction insidieuse de s'installer dans mon imagination. Jacob Zuma is like Jesus! Qui serait ce père si inconséquent qui enverrait son fils bien-aimé crever pour le peuple sud-africain, 15 ans après l'abolition de l'Apartheid? La consolation, c'est qu'il n'aura pas le crucifix sur un Golgotha sud-africain. Avec tous les moyens modernes qu'on a de tuer aujourd'hui, il ne fait aucun doute que dans ce rôle messianique, une bombe ou n'importe quelle arme à feu, pourrait servir d'échelle pour le retour jusqu'à ce père, oh, combien très peu paternel.
Evidemment, le militant en établissant cette comparaison, n'a pas songé au versant tragique et sacrificatoire qu'implique le messianisme. Inutile de se demander le temps qu'il mettra à déchanter car la politique a le discours messianique et le comportement diabolique.
Mais tant qu'on y est, si Jacob Zuma is like Jesus, Mandela ne serait-il pas ce père qui l'enverrait mourir pour le peuple sud-africain? Qu'est-ce qu'il ne faut pas penser, si notre militantisme nous autorise le délire!