Le coup de grâce que voilà!

Comme si c'en était pas de trop. Comme si c'était pas déjà assez de trimer et de crever dans la mouise. Naître dans la mouise et crever dans la mouise. Ce n'est pas un agréable parcours.
Quand le Togolais se sentira-t-il acculé jusqu'à son dernier retranchement, jusqu'au cul de l'inaction? Quand enfin?
Non contents de voir les Togolais mourir dans les hôpitaux, faute d'argent pour se soigner, non content d'être incapables de contrôler les prix du sucre, du lait, du savon, de l'huile, du ciment... sur les marchés, nos dirigeants viennent de donner le coup de grâce aux Togolais.
Hier nuit, à partir de minuit, le prix du carburant à la pompe a été augmenté. Le super sans plomb est passé de 505 f CFA a 580 FCFA, soit une majoration de 75 FCFA. Même majoration pour le gasoil: de 500 FCFA, on est passé à 575.
L'estocade mortelle.
Déjà qu'on ne s'en sortait pas avec les 500 francs, je me demande les saints auxquels on peut recourir pour enfin arrêter de tirer, à longueur de mois, le diable par la queue.
Le professeur du lycée de Tokoin, qui habite Agoè-Nyivé, avec un salaire d'à peine 90 000 francs CFA, dans un loyer de 15 000 à 20 000 francs CFA, avec une famille à nourrir, à instruire, a-t-on pensé à lui dans cette augmentation? A-t-on pensé à l'enseignant auxiliaire du primaire qui, avec un baccalauréat, gagne 50 000 francs le mois? A-t-on pensé aux milliers de salariés qui ont à peine 35 000 francs le mois? A-t-on pensé à eux?
Le cours du baril sur le marché international? D'accord!
Le cours actuel du dollar? D'accord!
Mais quel est le salaire du Togolais ? De combien est le panier de la ménagère?
Et dire qu'on est enchaîné, puisqu'il faut rouler, puisqu'il faut voyager!
Je peux m'indigner. Il me souvient cependant que du vivant du général Eyadema, des Togolais avaient marché pour soutenir une hausse des prix du carburant. Alors, de quoi je me mêle? C'est vrai que ce jour-là, tout avait cessé d'être normal pour moi. De là à voir des Togolais marcher cette fois-ci pour soutenir cette hausse, on n'est pas à une surprise près.
Le pathétique c'est qu'hier à l'annonce des nouveaux prix, toutes les stations d'essence à Kara ont fermé. J'étais en circulation et je n'ai pas pu me ravitailler. Quand même!
A malin, malin et demi.
Avec ça, il n'y a plus que les fantômes qui sont autorisés à vivre au Togo. Pays-là, ce n'est plus pour nous.