Le siège de Géant

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Une merveille des monts Kabyè

vendredi 17 octobre 2014

Le tabouret de la citoyenneté

La citoyenneté a besoin d’un tabouret où s’asseoir. Lequel ? Quel menuisier pour le confectionner ? 

La citoyenneté est la résultante d’une chaîne de satisfactions. Elle est la gratitude d’un fils du pays à l’endroit de celui-ci. En revanche, celui qui pousse des jurons à longueur de journée pour des services qu’il achète et qui ne lui procurent aucune satisfaction, ne peut pas se sentir appartenir à son pays. A moins d’être patriotard, s’il n’est xénophobe, prêt à se faire hara-kiri quand la CEET passe une journée sans couper le courant ou à se vêtir d’explosifs et à aller exploser, et s’il le pouvait, le répéter dix fois, dans les domiciles de ceux qui disent que le pays, le Togo en cette occurrence, est mauvais.  Ce ne sera jamais de la citoyenneté, ce sera une déviance.   
Donc  l’action de l’Etat devrait commencer par là : amener tous les services à offrir des prestations satisfaisantes. Satisfaire au moins la majorité, si on ne peut satisfaire tous.  
La CEET : coupures intempestives du courant, nonchalance dans la réparation des pannes ; promptitude dans les coupures d’électricité pour factures en souffrance. 
ANECDOTE : Mon compteur triphasé tombe. Je fais les tests et me rends compte qu’il y a deux fusibles sur trois qui ne bossent pas. Je vais signaler la panne. Je communique le numéro du compteur et le nom du souscripteur. Les agents me demandent le  plan de situation de la maison.  Mais si une seule facture n’avait pas été payée à temps, ils ne seraient pas venus me demander un plan pour venir couper. Comment cela s’appelle-t-il ? Paresse ? Mauvaise foi ?
Dois-je rentrer satisfait ? Hmmmm !
TOGOTELECOM : vous souscrivez à 2 G0 pour internet. Mais lorsque vous réalisez le speed-test, à peine avez-vous 186 kbt/s.
ILLUSTRATION : votre boucher vous emballe deux kilos de viande. Mais au moment de manger, vous vous rendez compte que vous n’avez même pas un morceau pour mettre dans la bouche. Conclusion les deux kilos ne vous sont pas livrés. Donc le boucher est un voleur.
Cette illustration ne cadre pas avec Togotélecom, c’est pas grave : comprenez qu’ils ne livrent pas ce qu’ils vendent. Résultats : ces concerts de jurons dans les cybercafés et dans les services. Et je suis le maestro de ces concerts car pour télécharger un document de moins de 100Ko, il faut parfois attendre plus de 15 minutes.
La TdE : Ah, celle-là ! Un tuyau se casse chez vous. Vous les appelez. L’agent qui vous reçoit veut une précision : le tuyau cassé se trouve-t-il en aval ou en amont de votre compteur ? En aval ? Il ne viendra personne avant plusieurs jours. Donc l’eau qui coule vous sera facturée. En amont ? Ils rappliquent tout de suite.  
Les hôpitaux et centres de santé : la Mecque  des grognements. Personne n’y est satisfait, pas même l’agent des recettes qui regarde défiler les billets de banque sans possibilité de s’en servir librement. Le supplice de Tantale. Les soignants grognonnent. Les malades, même quand ils sont crevés, grognonnent dans leur mort. La cause est en amont : les premiers se plaignent de leur misérable salaire et nettoient leur pauvreté sur les patients déjà des crève-faim.
Les TP : nos routes ? Hmmm ! Pas besoin de discours.
Les concours : Ceux qui passent un concours sont le plus souvent des chômeurs. La composition du dossier déjà décourage : naissance légalisée, nationalité légalisée, copie de la carte nationale d’identité légalisée, diplômes légalisés. Pourtant il suffit d’une seule de ces pièces pour faire foi. Tenez par exemple : pour avoir la nationalité, il faut la naissance ; pour la carte d’identité, il faut les deux. Pour passer un examen (CEPD, BEPC, BACII), pour s’inscrire à l’Université, il faut toute cette paperasserie.  Si pour passer un concours, on doit encore redemander tous ces documents, c’est qu’il y a à un niveau de la chaîne, des incompétents, des indélicats qui permettent des fraudes.  Il faudra donc agir sur les causes de ces indélicatesses qui autorisent de faux documents et éviter en aval que pour passer un concours, on doive trimballer tous ces papiers. Et tous ces frais : naissance  légalisée : 500F ; nationalité : 500F ; carte d’identité nationale : 500F ; certificat médical : 5000F ; quittance : 5000F. Ajoutez le déplacement, les photocopies et les autres dessous de table dans  les mairies pour se faire légaliser tout cela en une matinée. Pour un chômeur, c’est le budget de tout un an.
Aux résultats, vous accourez : vous avez 35 ans, c’est votre dernière chance pour entrer dans la fonction publique, parce que, avec votre maîtrise en Lettres Modernes, vous ne pouvez pas travailler au 3ème quai du port autonome de Lomé. 
Vous avez téléphoné à votre oncle à Lomé, vous avez rallongé vos bras. Pourtant, vous écarquillez les yeux. Votre nom n’y figure pas. A votre grande surprise, votre copain/copine qui n’avait pas passé le concours, a son nom, lui /elle. Il/elle a réussi au concours de l’ENES.
La chance ?
Vous maudissez toute la terre entière. En rentrant, préoccupé sur votre bicyclette ou sur la moto que vous avez sollicitée de votre voisin, vous brulez le feu rouge et le policier vous prend : amende : 5000 Francs. Il vous fait une bonne leçon de citoyenneté. Vous êtes la cause que le pays n’avance pas. L’Etat fait des efforts vous, vous acharnez à les faire capoter.
Tous les acteurs de cette gabegie sont pourtant des compatriotes qui gueulent à télé qu’il faut être citoyen.  L’Etat devrait commencer par assainir toutes ces déliquescences avant d’asseoir une citoyenneté engagée et participative. La citoyenneté naît de la satisfaction et de la joie d’appartenir à pays.
Sinon, cette campagne sera pareille a celle que feu Eyadema avait montée sur la solidarité et « consommez produit togolais » : ridicule, lamentable, cette femme dans la pub, achetant des oranges, pour marquer la solidarité. N’importe quoi ! Comme si le Togo n’avait pas des gens qui réfléchissent et créent.
Citoyens ? Nous le sommes à la naissance. Mais nos serviteurs nous pervertissent. Il est important de rappeler que les dirigeants sont les serviteurs du peuple. Et les dirigeants doivent comprendre que lorsqu’un patron n’est pas satisfait des services de son serviteur (boy), il le vire. Et les élections sont l’occasion pour le peuple de virer ses serviteurs. Qu’ils acceptent de partir sans réclamer des indemnités de licenciement.



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