Le siège de Géant

Le siège de Géant
Une merveille des monts Kabyè

vendredi 3 janvier 2014

Réactions à l'interview de Koffi Yamgnane à lepoint.fr sur son livre "Afrique, démocratie

Le 10 Novembre, pendant que je réagissais à cet article de K. Yamgnane, il y a eu coupure d'électricité. Je viens de retrouver le brouillon. les idées sont parties, mais voici ce que je disais: 
http://www.lepoint.fr/monde/kofi-yamgnane-la-culture-de-l-assistanat-tue-l-afrique-09-11-2013-1753858_24.php


Entièrement d'accord pour ce qui est des églises, des rackets  des pasteurs et autres vendeurs de Dieu et d'Allah. mais pour ce qui est du cousin "qui vous saute dessus", la condamnation n'est pas la solution. il faut un travail de pédagogie qui offre des possibilités d'initiatives. Chez moi (j'éviterai de dire en Afrique), chez moi, quand quelqu'un réussit, il réussit pour toute la famille et pour toute sa communauté. refuser de payer l'écolage d'un neveu est de l'avarice quand on a les moyens. refuser d'aider un cousin malade à se soigner alors qu'on le peut est de la méchanceté. le faisant, cela "n'appauvrit" que l'individu qui a réussi et donne par contre des chances à la vie. ce qu'il faut combattre contrairement c'est le favoritisme, le népotisme qui installe des médiocres à des postes immérités, et donc les résultats attendus ne sont pas au rendez-vous, et la régression qu'on constate envahit tous les secteurs.
ce qu'il faut surtout combattre, c'est le business de la délation, y compris le commerce de la misère, et l'assistanat maladif qui caractérise certains Togolais, pratiques que Eyadema a installées  au pays pour avoir des yeux et des oreilles partout:
- à l'époque certains avaient pour profession, lecteurs de motions de soutien: ils en vivaient, ils ont bâti des maisons avec, ils ont instruit leurs enfants avec ce qui leur était payé, étant entendu qu'ils faisaient main-basse sur les millions dont Eyadema les gratifiait. Plutôt que d'aller bêcher quelque part pour gagner quelques francs, certains Togolais se donnaient à cœur joie de marcher pour soutenir et de gagner en fin de journée 20 000 ou moins, argent distribué par Eyadema. Aujourd'hui ils sont nombreux à reprocher à Faure de ne pas faire comme son père.
- à l'époque, la délation, la traîtrise nourrissaient également leurs auteurs: profession: délateur, traître. ça n'existe nulle part. combien a-t-on payé aux "termites" qui ont rongé dans un registre, la souche de votre acte de naissance? La forfaiture, cher M. K. Y. est chèrement payée dans notre pays. cependant dès qu'on a fini de dépenser cet argent, on cherche une autre délation qui apporte de l'argent.
Il m'a été raconté que dans un bureau de vote aux dernières législatives où il y avait deux représentants de l'UFC, au dépouillement, on s'est rendu compte qu'aucun n'avait voté pour le candidat du parti qu'ils représentaient. vous comprenez donc, l'appartenance à un parti n'est effective que argent comptant.
- aujourd'hui, ces pratiques n'ont pas disparu même si on lit peu ou plus les motions. mais appartenir à UNIR est une profession. chaque activité politique est une occasion pour gagner de l'argent. et ils sont nombreux, des drop-out scolaires, des chômeurs, des délinquants, des paquets de jeunes qui comptent vivre sur ce qu'ils gagnent. Un jour que j'étais à Niamtougou, sur les coups de 5 heures, j'ai vu des files de vieilles et vieillards égrotants en file, des marmots luttant contre le froid. ma curiosité m'apprit qu'ils se rendaient à l'aéroport accueillir le président Faure qui devait atterrir autour de 11 h. donc il fallait aller plus tôt et gagner une place. sinon ils risquent de perdre les 500 francs que Faure donnerait. faire des kilomètres, attendre plus de 6 heurs au soleil pour gagner 500 francs de la journée... il faut être un plus que crevard pour le faire. et c'est cet assistanat entretenu qu'il faut combattre. ce sont les sacs de riz distribués pendant les campagnes électorales qu'il faut combattre. ce sont les t-shirts distribués à ces occasions qui développent cette mendicité.
et c'est cette sorte d'assistanat qui maintient dans la misère vos cousins qui "vous saute dessus" pour vous demander de les aider à se soigner ou à scolariser leurs fils.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire