Le siège de Géant

Le siège de Géant
Une merveille des monts Kabyè

lundi 11 mai 2009

Culture, la révolution à faire au Togo.




Lorsqu’on s’amuse à dessiner une carte des manifestations culturelles au Togo, on peut se frotter les mains : il n’y a rien à légender. Quelques manifestations isolées. Le FESTHEF a entre-temps fait la fierté du Togo, puis des chicaneries internes ont sabordé le festival. Les RETHES à Sokodé n’ont pas encore atteint une envergure médiatique internationale. Le seul festival qui ouvre véritablement le Togo au monde entier aujourd’hui est le Festival des Lucioles Bleues, FILBLEU, qui a cette particularité d’apporter le théâtre au spectateur, plutôt que d’attendre que le spectateur vienne au théâtre. Il faut aussi saluer l’effort des centres culturels Adokpo, Denygba, Aréma et autres, tous à Lomé. Evidemment, je ne citerai pas les centres culturels français, américain, islamique et allemand.
Le nord en est exclu.
Le domaine culturel semble n’intéresser personne. Les politiques s’en moquent comme d’un bibelot du tertiaire. Ils dévoient toute la jeunesse dans les préoccupations et manifestations politiques. Le folklore et les célébrations culturelles dans les villages et hameaux ont revêtu la courte jupe politique et se prostituent sans tenir compte ni des saisons ni des coutumes.
En marge des élections miss Togo, d’autres organisations régionales pour désigner les plus belles meufs se tiennent : la plus belle collégienne, la plus belle lycéenne, la plus belle étudiante, miss maman N’DANIDA. D’ici à ce qu’on voie l’élection de la plus belle couturière, de la plus belle coiffeuse ou de la plus belle fille de joie, il n’ya qu’une lubie à franchir. La notion de la culture est tellement rétrécie au Togo qu'elle rabougrit les inspirations. Les lectures spectacles, les spectacles théâtraux, le cinéma, les cafés-littéraires, les spectacles de marionnettes, les déclamations de poèmes, les conférences, etc., tout cela semble inconnu. A quand remontent les dernières salles de cinéma à Kara, à Sokodé ? Existe-t-il encore des salles de cinéma à Lomé ? En lieu et place, ce sont les bars, les débits de vente de boisson locale qui envahissent nos villes et éloignent la jeunesse des bibliothèques et des activités culturelles.
Il y a donc un travail à faire : renverser les intérêts actuels. Les jeunes sont les valets des politiques ; ils sont convaincus par l’exemple que la politique est l’unique voie pour un enrichissement personnel. Il faudra les convaincre du contraire et leur apprendre à mettre la politique et les politiques à leur service. S’ils se désintéressent de la politique, les politiques viendront les chercher. Les jeunes peuvent faire parler d’eux et de leur pays à travers leur engagement pour la chose culturelle. Lorsque Kossi Efoui a gagné le prix Ahmadou Kourouma, on a parlé du Togolais Kossi Efoui. Mais combien savent que le premier ministre a effectué un voyage dans tel ou tel pays ? Lorsque Kangni Alem a publié son roman Esclaves, les presses culturelles ont saisi l’événement et en ont fait une large diffusion. Mais quel est le retentissement international des audiences du chef de l’Etat ou du président de l’Assemblée ? Il est indéniable que la culture est la porte du pays qui s’ouvre sur l’ailleurs pour faire entrer et faire sortir des valeurs positives dans une dynamique d’osmose.
Le domaine culturel est un terrain en friches qu’il faudra labourer. S’il est une observation à souligner, c’est bien celle-ci : les politiques sont des frustrés complexés qui ont besoin de laver leurs tares et leurs médiocrités au détergent politique ; des vides qui ont besoin de nous pour faire leur plein de fierté. Pourquoi alors leur donner cette occasion ? J’ai toujours ce sentiment fort que c’est nous qui donnons à nos présidents et à nos députés, le pouvoir de nous mépriser, de nous maltraiter. Puisqu’en définitive ils ne servent personne. Ils desservent au contraire. La révolution qu’il faut faire au Togo pour changer de cap et amener les hommes politiques de tout bord à réfléchir, c’est bien la révolution culturelle. Dès le primaire, au collège et au lycée, initier des activités culturelles, théâtrales par exemple, plus formatrices que les supposées semaines culturelles qui n’ont rien de culturel. Si nous restons dans leur jeu, le suicide culturel est garanti pour nous tous. Et les hommes politiques n’en ont que faire.
Abandonnons donc la politique aux courtisans et cultivons notre jardin… notre culture. Si nous les oublions, ils se rappelleront notre existence, mais si nous leur courons après, ils continueront d’oublier notre présence.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire